Dominique Lagneaux — De l’ombre à la lumière 2

Dominique Lagneaux — De l’ombre à la lumière 2 : Auto-portrait, huile sur toile 22X16 cm    Dominique Lagneaux — De l’ombre à la lumière 2 :    Dominique Lagneaux — De l’ombre à la lumière 2 :   


L'exposition


Dominique Lagneaux — De l’ombre à la lumière

Dominique Lagneaux est né en 1952 à Amiens. Il s’est éteint le 24 mars 2024 à Paris, à l’âge de soixante-et-onze ans.
Artiste discret et lumineux, il fut longtemps lié à la communauté de La Ruche, à Paris, ce lieu de création où tant d’artistes se sont croisés et se croisent encore. Dans son atelier, qu’il habitait comme un prolongement de lui-même, il présentait son travail, entouré de ses toiles.
Sa discrétion et son humilité furent sa véritable richesse créative. Mais elles le tinrent à l’écart du marché et, plus largement, du monde de l’art — le privant ainsi de la reconnaissance qu’il méritait pourtant.
Lagneaux aimait revenir sur un même motif : un objet, une fenêtre, un coin de table, la simple trace d’un verre. Par la répétition, il approchait le mystère du visible, comme si le geste, repris encore et encore, finissait par entrouvrir un nouveau dessein. Chaque toile naissait de la précédente, porteuse d’un écho, d’une variation subtile, d’une respiration nouvelle.
La couleur, chez lui, n’était pas seulement nuance : elle devenait souffle, chair du temps. Tantôt translucide et suspendue, tantôt dense et veloutée, elle vibrait comme une voix intérieure. Elle contenait la lumière et son ombre. Par elle, Lagneaux peignait la durée même, la trace du jour qui s’éloigne. Chaque tableau devenait ainsi une déclinaison, une méditation sur la présence, un lent approfondissement du regard.
Aujourd’hui, une exposition-hommage à La Ruche, réunissant une vingtaine de toiles, d’un autoportrait de petit format à de grandes toiles, célèbre ce regard silencieux.
Chez Dominique Lagneaux, rien n’est anodin. Une chaise, une vitre entrouverte, la rumeur d’un jardin, le glissement d’une ombre : tout devenait peinture. Il tirait son univers du plus proche, du plus simple — des rues, des objets familiers, des photographies muettes — et, par la force du regard, il les arrachait à leur transparence quotidienne.
Ses toiles ne cherchaient pas l’éclat ni le spectacle : elles célébraient au contraire la lente insistance du réel, la persévérance des choses immobiles. Dans la trame de la toile, Lagneaux organisait le banal comme une cérémonie. Chaque nuance, chaque vibration devenait un acte de lumière.
Peindre, pour lui, n’était pas reproduire : c’était réinterroger. Le même motif, repris, déplacé, répété, se transformait en passage. À force d’itérations, il en venait à brouiller la frontière entre le sujet et le regard : ce n’était plus la table, la chaise ou la fenêtre qui comptaient, mais le frémissement du jour sur elles, la manière dont la couleur hésite entre deux heures, deux souffles.
Chaque toile portait la mémoire des précédentes, comme si la peinture avançait par réminiscences, par retours, par reprises — non dans l’épuisement, mais dans la révélation. Ainsi, la variation devenait prière, et la lumière, lente oraison.
Toujours, la clarté est le véritable personnage. Douce, diffuse, presque pudique, elle émane du dedans : un contre-jour, un reflet, un silence. Elle ne décrit pas, elle enveloppe. Dans cette fidélité au souffle du visible, Lagneaux rejoint la lignée rare de ceux qui peignent moins pour montrer que pour laisser advenir.
Sa lumière n’éclaire pas les choses : elle les respire. Elle ne s’impose jamais, elle se dépose, comme un souvenir sur la peau du monde.
Ses compositions invitent à l’entrée. On n’y regarde pas de loin : on y marche, on s’y installe, on y respire. Chaque surface — mur, tissu, verre, plancher — semble traversée d’un souffle humble et obstiné. La matière, nourrie d’huile et de silence, retient la fugacité même de la lumière : ce moment suspendu où le monde, un instant, consent à se laisser peindre.
Dans cette attention patiente, dans cette lumière qui naît de l’ombre, Dominique Lagneaux aura offert une œuvre qui ne s’impose pas mais s’approche — une peinture qui, doucement, nous apprend à voir.

Quand


16/10/2025 - 16/11/2025
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