L’invention du corps, la représentation de l’homme du Moyen-Âge au début du XXe siècle
Nadeije Laneyrie-Dagen – Éditions Flammarion
À travers cet ouvrage, c’est une conquête lente, désordonnée puis finalement décisive, qui nous est racontée : celle du corps et de sa représentation dans les arts. Aujourd’hui, chacun semble connaître, tout du moins de manière approximative, la structure, les organes et le fonctionnement du corps humain. Pourtant, ce savoir, si évident nous semble-t-il dorénavant, n’a été maîtrisé que bien récemment Longtemps, le corps, ses mouvements et ses maux sont demeurés mystérieux et impénétrables. Nadeije Laneyrie- Dagen fait de ce changement l’objet de ce livre et pour se faire étudie parallèlement le progrès des connaissances médicales et l’évolution des représentations corporelles. Tout commence à l’extrême fin du Moyen-Âge avec la représentation des ombres qui manifestent l’opacité des corps à la lumière, leur matérialité. Apparaissent ensuite les raccourcis qui simulent une troisième dimension et les techniques «rusées» (allongement des formes, envol d’étoffes, flou…) qui mettent en scène le mouvement. L’historienne d’art observe aussi la mise au point de l’expression des émotions et leurs codifications. Elle analyse les diverses façons d’exalter le corps, ce miroir de la perfection divine que la science humaine s’autorise progressivement à explorer et à s’approprier avec la dissection. Elle note, à l’opposé, la fascination pour le laid, le morbide, l’insolite, en réaction aux normes de la représentation ou en signe de manifestation religieuse. Car à chaque époque apparaissent toutes sortes d’enjeux, qu’ils soient sociaux ou hygiéniques, spirituels ou philosophiques, qui codifient l’image et définissent ainsi les différentes civilisations. Soutenue par une iconographie remarquable, cette enquête exigeante et curieuse sur l’évolution de la représentation du corps nous fait participer à l’élaboration de la peinture et de la pensée occidentale.
Louis Rogeon
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