L’art caché. Les dissidents de l’art contemporain


Aude de Kerros
Éditions Eyrolles


Nous n’en avons pas fini avec la crise de l’art contemporain. Tel est le constat de cet ouvrage au titre trompeur qui évoque avec acrimonie l’AC (réduit à un sigle de marque), beaucoup plus finalement que cet “art caché” : comprendre
cet art refusé par les institutions françaises depuis qu’elles se sont mises à défendre ce que l’auteur qualifie de création “conceptuelle”. Je ne fais pas partie de ceux qui condamnent la pratique picturale mais appartiens sûrement au clan des “théoriciens” dont parle Aude de Kerros à qui il peut être fait le reproche de réduire son propos à une dénonciation caricaturale des arts plastiques. Tous les moyens sont bons pour discréditer cette pratique, notamment celui de souligner qu’il n’y a pas eu de rupture entre l’art moderne et l’art qui prolongeait l’académisme mais que le réel schisme aurait eu lieu avec l’art contemporain des années 1960. Pareille lecture de l’histoire est oublieuse de tous les scandales qui ont marqué la peinture au début du XXe siècle lorsque celle-ci s’émancipait de la mimesis classique. Cette approche erronée se retrouve face à la création actuelle visible dans les musées lorsqu’il est dit que cette dernière méprise la matière et témoigne d’une haine du corps. Il est vrai que l’ambition avouée ici est de remettre en jeu la beauté naturelle, la transcendance, l’intemporalité, l’identité, le génie, la rareté, etc. Comme si la culture n’avait connu aucun changement depuis un siècle et comme si se réclamer de ces valeurs suffisait pour en être réellement dépositaires. C’est d’ailleurs en observant la laideur des oeuvres d’Aude de Kerros (graveuse et peintre soi-disant dissidente) que l’on peut comprendre paradoxalement pourquoi de telles notions ne sont plus toujours pertinentes. Simple question de goût!

Fabien Danesi


Acheter avec notre partenaire Amazon
 Retour     |      Haut de page