Gérard Durozoi
Éditions Hazan

Durozoi nous a habitués à signer de gros et grands ouvrages, dictionnaires de l’art moderne et contemporain, histoire du surréalisme… Ici, en une centaine de pages, avec sa pensée synthétique et provocante, il titille son lecteur. Son petit livre ”Ras le bol Warhol et Cie”, délicieux billet d’humeur tempéré, remet ”le pape du pop” à sa juste place. En bon détective, l’auteur revient sur les faits : les premières expos à Los Angeles à la Ferus Gallery et ses flops ; la course à New York pour exposer chez Castelli ; la rivalité avec Lichtenstein. Son propos insiste sur le travail de peintre de Warhol, précise sa technique et s’étonne de son aura. L’auteur semble plus séduit par les recherches de Rauschenberg ”qui travaille sur les aspects contradictoires de la vie”, les grands formats de Rosenquist, la radicalité de Brecht et de Fluxus que par les bouteilles de coke du dandy qui ”supprime toutes contradictions et ne récupère de la vie qu’une image médiatisée”. L’auteur fait le compte rendu d’une époque qu’il a bien connue et regrette que ses contemporains aiment encore à s’abreuver de mauvaises soupes : ”Ras le bol” ! Hormis les références philosophiques à Walter Benjamin, il interroge le poète John Ashbery et Alain Jouffroy qui voit en Warhol ”une peinture du tragique actualisé, le peintre de la mort moderne”. Durozoi revient sur le côté ”anesthésiant”, la multiplication des images et une iconographie sinistre où l’on ne ressent plus rien. Pour lui, Warhol ne traite jamais d’un problème social et encore moins de l’incarnation comme l’affirme Alain Cueff dans l’exposition des ”Portraits” du Grand Palais. Warhol, c’est une marque de fabrique plus que le responsable d’une vraie peinture, à la différence d’un Télémaque ou d’un Peter Saul Si on demande à l’œuvre d’art de ”relancer la pensée”, les miroirs de Warhol, même chantés par Nico, ne reflètent que lui-même et le narcissisme nihiliste de quelques-uns de ses contemporains !

Renaud Faroux


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