Le Concert [sur l’ultime tableau de Nicolas de Staël]


Edouard Dor
Sens&Tonka


Le 16 mars 1955, le peintre d’origine russe Nicolas de Staël, l’un des plus grands artistes français du milieu du XXe siècle, se donne la mort. L’incompréhension de son geste, effectué alors qu’il connait enfin le succès au sein de l’hexagone, s’explique par le talent que possède cet artiste pour rassembler des éléments picturaux épars, par son sens à unifier la tradition orientale issu de son propre héritage russe et son rôle dans la modernité occidentale. Trois jours avant son suicide, Nicolas de Staël avait entamé une nouvelle pièce : un tableau d’un format immense, trois mètres cinquante sur six, à la surface duquel sont représentés un piano à queue de profil et une contrebasse plus grande que nature, reliés par des partitions, se détachant d’un tapis de peinture vermillon, couleur caractéristique de l’art de Nicolas de Staël. L’auteur, Edouard Dor, connu pour des ouvrages tout sauf académiques sur des œuvres majeures de l’histoire de l’art, part de son intuition personnelle et fouille une piste : et si les tourments du peintre se trouvaient consignées dans cet ultime tableau ? En examinant sa correspondance, en donnant du sens au tableau par rapport à la vie intime de son créateur, presque en « l’allongeant sur le divan », Edouard Dor tisse des liens, cherche une explication et donne corps à sa thèse en l’agrémentant d’un aspect narratif. Le Concert est donc un essai spéculatif sur les causes profondes de ce suicide. C’est son caractère de quasi fiction qui, paradoxalement, rend cette entreprise digne d’intérêt, tant qu’elle ne prétend pas à aboutir à une vérité scientifique, mais témoignant plutôt d’un regard subjectif sur l’œuvre de l’art.

Tom Laurent



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