Le cabinet des douze


Laurent Fabius
Gallimard


Laurent Fabius nous livre une réflexion moderne et personnelle au sujet de « l’art qui fait la France », autour de douze thématiques. Il précède le développement de sa pensée par le souhait de faire ressentir aux lecteurs le plaisir esthétique qu’il a pu éprouver devant la contemplation de certaines toiles. Il engage celui-ci à une compréhension plus objective des œuvres présentées car, « en faisant partager le sens et la portée d’une œuvre on augmente les chances de déclencher l’intérêt et l’enthousiasme ! ». Ajouté à un large panel d’explications, liées à diverses disciplines (histoire, philosophie, techniques picturales), l’homme politique double son regard de celui du « passeur » culturel par le biais d’allers – retours entre la vision que nous pouvons en avoir aujourd’hui et le moment de leur réalisation. Ce qui lui permet de prendre le recul nécessaire quant à leur jugement. Aussi, des portraits tels que Napoléon 1er d’Ingres, ou encore Charles VII de Jean-Louis Fouquet forcent son admiration : représentations prestigieuses d’hommes de pouvoir, ces chefs-d’œuvre en disent beaucoup sur la conception qu’ont ces personnages et les artistes quant au rôle de l’image dans la vie politique. Pour l’homme d’Etat qu’est Laurent Fabius, le lavis d’encre Le serment du jeu de Paume de Jacques-Louis David a contribué à forger l’esprit démocratique de notre pays par sa portée symbolique et historique. D’autres questions, issues de cette problématique, résonnent au fil de la lecture : Quelle puissances identitaires émanent des thèmes choisis par les peintres? Retranscrivent-ils la réalité sociale de leur époque ? Car Laurent Fabius attend beaucoup de l’œuvre : outre la délectation qu’elle lui procure, il s’agit de concourir à l’élaboration d’une culture commune. Ainsi, si quelques-unes semblent intégrer avec force l’imaginaire national, à l’instar des Cathédrales de Rouen de Monet, d’autres y contribuent plus indirectement. Attestent cette idée le triptyque marocain de Matisse, qui participe d’une esthétique fascinée et inspirée par l’altérité ou La femme se coiffant de Picasso, qui illustre de très belle manière l’apport culturel venu d’ailleurs, trouvant en France un lieu propice aux plus grandes créations.

Baptiste Piroja



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