« La création devait atteindre le jaillissement; le grondement; la fulguration de la foudre dans le ciel noirci par l’orage; le débouché de la nuit souterraine; l’irruption. Tout ce qui crée, tout ce qui procrée fait entendre l’origine », écrit Pascal Quignard dans Vie secrète.
Rien d’étonnant à ce que cette citation de l’auteur apparaisse dans la monographie de Dan Barichasse, Figures de l’invisible. D’abord, parce que le peintre entretient un rapport privilégié à la poésie, ce dont témoignent les nombreuses mises en regard entre littérature et peinture opérées au fil de ses expositions. Ensuite et surtout, parce que tient dans ces quelques mots toute l’ambition iconographique de l’artiste. Déposant la matière sur le support, Barichasse la laisse ensuite agir, se mélanger pour que l’image surgisse hasardeusement. De ce geste pictural érigeant l’accident en méthode, naissent des formes minérales, végétales, animales ou humaines se dessinant d’elles-mêmes - cela bien qu’il y ait hiérarchisation dans le placement des couleurs. Et l’idée de l’acte créateur comme référence à l’origine exprimée par Quignard est primordiale dans son esthétique : cette explosion de matière soudaine rappelle le big bang originel, et la notion de « commencement » y est centrale, ce que les titres de ses séries confirment - Fondation (1985), Origine du monde (2002) ou Entête (1989) … Enfin, cette quête de l’origine passe par des références aux éléments aussi évanescents que fondamentaux que sont la poussière, la fumée, l’ombre et la lumière : le ciel et la terre s’y amalgament en un tout où la matière active, par des effets de miroitement, produit elle-même ce dont le regard prend acte, à postériori. L’Espace culturel André Malraux lui consacre une micro rétrospective, en présentant ses œuvres réalisées entre 2009 et 2019.
Emma Noyant
Rien d’étonnant à ce que cette citation de l’auteur apparaisse dans la monographie de Dan Barichasse, Figures de l’invisible. D’abord, parce que le peintre entretient un rapport privilégié à la poésie, ce dont témoignent les nombreuses mises en regard entre littérature et peinture opérées au fil de ses expositions. Ensuite et surtout, parce que tient dans ces quelques mots toute l’ambition iconographique de l’artiste. Déposant la matière sur le support, Barichasse la laisse ensuite agir, se mélanger pour que l’image surgisse hasardeusement. De ce geste pictural érigeant l’accident en méthode, naissent des formes minérales, végétales, animales ou humaines se dessinant d’elles-mêmes - cela bien qu’il y ait hiérarchisation dans le placement des couleurs. Et l’idée de l’acte créateur comme référence à l’origine exprimée par Quignard est primordiale dans son esthétique : cette explosion de matière soudaine rappelle le big bang originel, et la notion de « commencement » y est centrale, ce que les titres de ses séries confirment - Fondation (1985), Origine du monde (2002) ou Entête (1989) … Enfin, cette quête de l’origine passe par des références aux éléments aussi évanescents que fondamentaux que sont la poussière, la fumée, l’ombre et la lumière : le ciel et la terre s’y amalgament en un tout où la matière active, par des effets de miroitement, produit elle-même ce dont le regard prend acte, à postériori. L’Espace culturel André Malraux lui consacre une micro rétrospective, en présentant ses œuvres réalisées entre 2009 et 2019.
Emma Noyant