Depuis les années 1960, Bernar Venet place les mathématiques au cœur de son processus de création, dissimulant derrière la rationalité des nombres sa part de sensibilité. Initiateur du concept de monosémie, l’artiste puise dans le langage des équations et des diagrammes des éléments picturaux qu’il pose comme fondement de son art abstrait. Sur des formats variables, qui dépassent le cadre de la toile, la superposition des sigles et des chiffres jusqu’à saturation provoque une sensation de désordre qui contraste avec la logique des formules retranscrites. Son travail des années 2000, même s’il garde l’héritage des premiers tableaux, est marqué par une utilisation nouvelle de la couleur : « Durant ma période conceptuelle, toute relation à des problèmes formels et esthétiques était exclue. Mes œuvres étaient austères, aussi neutres que possible pour n’en valoriser que le contenu. Rien n’était fait pour améliorer leur présentation, il fallait éviter le danger de la séduction. Avec l’âge, j’ai appris que la jouissance n’est pas interdite, que le plaisir n’est pas hors la loi. Alors la couleur s’est introduite dans ces nouveaux travaux… »

Nathalie Tissot

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