Parlons d'Animaux

Parlons d'Animaux : Gilles Aillaud Phoque, L, 1988  de l’« Encyclope?die de tous les animaux y compris les mine?raux »?Tome I, 1988?50 lithographies en noir et 2 monochromes beiges, nume?rote?es et signe?es, chaque planche est titre?e au verso et nume?rote?e de I a? LII?Ve?l    Parlons d'Animaux : Légendes Nicolas Darrot Molecule eden Bronze, savon de Marseille 21,5 x 32 x 18 cm 2016 ©LionelCatelan   


L'exposition


À l’Association Fertile, une nouvelle exposition, Parlons d’animaux, sous le commissariat de Marguerite Pilven met en lumière dix-neuf artistes contemporains unis par un sentiment profond, moins humaniste et plus animal. Gilles Aillaud, Mathilde Cazes, Maude Maris ou encore Olivier Leroy redonnent le langage à l’animal en le coupant du monde autocentré de l’Homme.
La première salle révèle une faune sensible, un espace tangible entre mouvement et vie. Christine Lefebvre y capture la vie animale dans plusieurs petits cadres figurant en noir et blanc, une ombre, une forêt sombre ou encore des parades nuptiales. Sylvain Roche, quant à lui, nous accueille chez les volatiles avec des toiles colorées et dynamiques par leur texture. Par l’émancipation de notre regard humain, Parlons d’animaux nous ramène à la réalité d’une vie plus délicate, plus lente et plus sourde que la nôtre.
L’étage offre aux artistes un terrain plus vaste et plus libre à l’expérimentation, où sculptures, dessins et peintures font dialoguer les êtres. Nicolas Darrot expose des réalisations aux techniques étonnnantes passant du savon de Marseille, au verre pour former un cabinet de curiosité réinventé, véritable ode à la vie animale. Lucie Picandet étouffe peu à peu la parole de l’Homme par sa série de mains zoomorphes à qui l’on emprunte le titre de l’exposition “Parlons d’animaux”. Dans cette série, le langage n’est plus oral, mais fait place au toucher, matérialisé par de grandes mains organiques. Lucie Picandet écrit “ces mains d’animaux leve?es pour donner leur parole d’honneur et laissant ainsi voir a? l’inte?rieur de leur paume, l’intimite? de leur rapport au monde, singulier, qu’il s’agisse de la terre qu’il faut creuser, du bois de l’arbre qu’il faut griffer ou de l’eau dans laquelle il faut glisser pour y habiter…“ Pour l’artiste Chloé Poizat, le langage se crée par le regard fixe, les yeux nous arrêtent, nous interrogent. Le silence s’installe.
Dans cette harmonie du sensible, Gilles Aillaud, artiste d’une génération plus ancienne rattaché au mouvement de la figuration narrative du début des années 1960, introduit une dimension politique par plusieurs dessins au crayon réalisés sur pierre. En dénonçant la séquestration silencieuse et impunie des animaux dans les zoos, Aillaud, artiste engagé dans la cause animale, fait écho aux préoccupations des autres artistes tout en ancrant leur propos dans une histoire longue de la critique du rapport homme-animal.
“Parlons d’Animaux” nous invite à reconsidérer notre place, à mieux écouter une parole moins sonore et apprécier un monde souvent oublié. L’exposition nous convie à une introspection profonde, à repenser nos interactions et notre coexistence avec toute forme de vie.

Sixtine TRIHAN

Quand


22/05/2025 - 21/06/2025
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