Le 20 septembre dernier, la Galerie Loevenbruck a inauguré son nouvel espace avec une exposition monographique consacrée à l'œuvre de Victorien Sardou. Précurseur de l’art spirite, artiste et dramaturge, il fut tardivement salué par le mouvement surréaliste sous la plume de André Breton dans son texte fondateur publié dans la revue Minotaure en 1933. Ce nouvel espace, par son architecture, est supposé renouer avec l’essence de la Galerie Surréaliste de 1926, aujourd’hui subtilement convoquée par la présence des enseignes et rideaux d’époque.


Initialement destiné à une carrière de médecin, devenu en réalité dramaturge, Victorien Sardou connaît le succès au milieu des années 1850. Probablement à la suite d’un refus d’une œuvre en 1857, il s’investit dans le spiritisme auquel il avait déjà été initié. Alors influencé par l’esprit de Bernard Palissy, figure de sa pièce éponyme, il réalise dessins et gravures « sous l’impulsion de sa plume automate » sans savoir véritablement dessiner ni graver, comme le rappelle l’éditeur de la Revue Spirite. Ainsi son œuvre pose-t-elle d’emblée la question de l’exécution technique via l’entremise de son inspiration. Invité sous la pulsion d’une force étrangère, Sardou n’est pas moins auteur que transcripteur : il « balaie la responsabilité de l’artiste » mais également « la reconnaissance publique de son innovation ».


Cette exposition dévoile six dessins originaux et deux études, ainsi que deux gravures insignes en plusieurs exemplaires, toutes issues de collections privées. Rarement montrés au public, ces documents sont contextualisés par des sources, notamment manuscrites traitant du spiritisme. Ainsi propose-t-on une relecture fascinante de l’œuvre de Sardou, nous télé transportant dans un monde alternatif, sinon parallèle auquel rêvaient ensemble symbolistes et surréalistes.

Heidi Ferret

Site de l'exposition