Écrasée, craquelée ou encore étirée, voilà la manière avec laquelle l’artiste Lydie Arickx traite la matière. Dans son exposition "Charbon" à la galerie Loo & Lou, la peintre renoue consciemment avec ce matériau qui soulève autant de questions écologiques, sociales, qu’esthétiques, évoquant tant les problèmes environnementaux induits par son utilisation que ses racines familiales dans la région septentrionale. Combiné avec de la résine ou des pigments, l’artiste présente des œuvres ponctuées de couleurs acides et affirme sur ses toiles les contrastes profonds qu’impose ce matériau. Les qualités plastiques du charbon sont donc explorées : sous forme de poussière, il charge ses œuvres d’un voile sombre, épais et brillant, alors qu’au contact de l’eau, il crée un réseau veineux aléatoire. Dans la continuité de ses autres expositions, Arickx réalise des correspondances entre l’ensemble de ces éléments qui font corps, comme une colonne vertébrale visible dans une petite œuvre sur papier ou encore l’épaisse écorce d’un arbre intégrée à la composition de Tête Jaune, toile de grand format. En employant un trait abrupt et un mélange des états de la matière, Lydie Arickx réalise « le rêve d’un expressionnisme informel : celui d’une matière sans forme, sans armature et sans corset » comme l’affirme Philippe Godin.

Orlane Bachelet

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