Ingres, l’artiste et ses princes

Ingres, l’artiste et ses princes : Jean-Auguste-Dominique Ingres. Portrait de Mme Duvaucey. 1807 (Salon de 1833), huile sur toile, 76 x 59 cm. Musée Condé, Chantilly. ©RMN-Grand Palais – Domaine de Chantilly / Adrien Didierjean.    Ingres, l’artiste et ses princes :  Jean-Auguste-Dominique Ingres. Paolo et Francesca. 1814, huile sur bois, 35 x 28 cm. Musée Condé, Chantilly. ©RMN-Grand Palais – Domaine de Chantilly / Adrien Didierjean.    Ingres, l’artiste et ses princes : Jean-Auguste-Dominique Ingres. Vénus Anadyomène. 1807-1848, huile sur toile, 163 x 92 cm. Musée Condé, Chantilly. ©RMN-Grand Palais – Domaine de Chantilly.    Ingres, l’artiste et ses princes : Jean-Auguste-Dominique Ingres. Madame d’Haussonville. 1845, huile sur toile, 132 x 92 cm. The Frick Collection, New York. ©Frick Collection.   


L'exposition


Chantilly-Orléans-Ingres : rien à voir avec une émission pour heure de grande écoute – ni sommaire de JT, ni jeu de méninges –, juste l’intrication d’un lieu, d’un artiste et d’un mécénat princier offrant l’occasion d’une exposition en quelque cent cartels qui fouille pourtant tout l’œuvre.

Vivons dangereusement, osons l’orléanisme ! Surtout en ces temps de censure pour idées non grata – y compris le royalisme ! – et songeons qu’en ces temps-là, le crime pouvait être de démocratie, faute à quelques attentats ! Doublons, même, et admirons le patriotisme du duc d’Aumale qui, par-delà les exils, les vexations, rebâtit, refonde, offre à la Nation et à la postérité au nom d’une exigence de race. Aumale, cadet d’Orléans, héritier de son oncle Bourbon (dernier des Condé), donc nanti d’une fortune colossale, initié aux Beaux-Arts par Ary Scheffer, va collectionner outrageusement, au point de constituer la deuxième collection d’art ancien après le Louvre, et s’emparer de cinq œuvres majeures d’Ingres. Quoique son contemporain, le duc ne commande aucun tableau directement au montalbanais. Ainsi, la première, en 1852, provient d’un achat au Prince de Salerne, son beau-père, et la seconde de la vente Demidoff en 1863. Avec l’acquisition de la collection Reiset, seize ans plus tard, l’ensemble ingresque était constitué, sans compter quelques dessins substantiels. Accrochée religieusement dans la salle de la Tribune, elle ne paraissait plus que sporadiquement, sans doute dans quelque James Bond. Fin de l’histoire ? Non. Derrière cette aridité de propos, la complexité psychologique d’Ingres entraîne une recherche haletante.

Extrait de l'article de Vincent Quéau publié dans le N°107 de la revue Art Absolument. Parution le 13 juillet 2023.

Quand


03/06/2023 - 01/10/2023
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