Partageant son temps entre Beyrouth où il est né en 1949 et New York où il s’est établi après des études à Yale, Nahas aura d’abord choisi de ne pas choisir entre ces deux pôles, fondant ensemble motifs ornementaux de l’art islamique et gestualité de l’abstraction américaine d’après-guerre. Marqué par la vision apocalyptique de la côte des Hamptons, où il réside alors, jonchée d’algues et d’étoiles de mer échouées après le passage de l’ouragan Bob en 1991, il en fait alors le motif sur lequel déployer sa peinture. On en trouve la trace jusque dans quatre grandes toiles ondoyantes de 2022 issues de la série Constellation exposées au Château La Coste. « À mon sens, ces toiles parlent encore une fois de mon intérêt pour les cycles de la nature, et plus précisément la manière dont celle-ci, en liant le microscopique au macroscopique, finit par composer un seul et même ensemble. » Délaissant l’invisible pour le tangible, un autre ensemble laisse détailler une suite de peintures d’oliviers, de palmiers et de cèdres comme autant de portraits rappelant le Liban à sa mémoire. Y compris dans les moments les plus sombres : la double explosion du 4 août 2020 convoque dans sa peinture des silhouettes de troncs charbonneux, persistant à exposer leurs arborescences, sur des fonds rougeoyants.

Extrait de l'article de Tom Laurent publié dans le N°106 de la revue Art Absolument. Parution le 17 mai 2023.

Site de l'exposition