C’est une danseuse en habit de scène qui attend, yeux fermés, une cigarette à la main, en suspens. Ou cette petite fille qui souffle dans un bullotin, et cette bulle naissante qui n’a pas encore pris son envol. Ou encore, cet homme à cheval regardant derrière lui, figé dans l’attente de quelque chose que nous ne pouvons pas identifier. Tous les éléments composant ces figures, sculptés en polyester, acier et laiton, ont cette même teinte gris cendré renvoyant à un voile de monotonie et de tristesse. Ces environnements fictionnels produisent un malaise diffus, ils suspendent le temps et rappellent la vie silencieuse des peintures des artistes flamands exposés au musée de Flandres. À plusieurs siècles d’écart et donc de factures très différentes, la signification symbolique de ces œuvres est finalement la même : dans une tonalité mélancolique, il s’agit de questionner notre rapport au temps et la finalité de nos existences. L’artiste polymorphe qu’est le Belge Hans Op de Beeck – dont le parcours montre vidéos, sculptures, installations, dessins et photographies – propose d’ailleurs certaines créations faisant directement écho à des tableaux du musée. C’est particulièrement le cas de ses aquarelles qui entrent en résonance avec les paysages peints par Gijsbrecht Leytens ou Joos de Momper. Cet investissement du musée par l’artiste contemporain est aussi l’occasion de découvrir la vingtaine de tableaux flamands des XVIe et XVIIe siècles en dépôt depuis avril 2022 appartenant au musée des Beaux-Arts de Valenciennes (et notamment Bosch, Brueghel, Van Dyck ou Rubens).

Emma Noyant

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