Après 1991 et l’éclatement de l’URSS, les cinq républiques d’Asie centrale ont repris leur indépendance et les nouvelles sensibilités artistiques ont pu dépasser les diktats du réalisme socialiste. Née en 1981, avec un père chef opérateur, d’abord formée à la réalisation du cinéma d’observation à l’Institut national des arts de Tachkent, Saodat Ismailova a ouvert sa pratique filmique dès 2002 à la Fabrica de Venise, puis à l’Aga Khan Institute. Son projet ? Explorer l’histoire et les cultures d’Asie centrale imprégnées de mythes, de la magie des chamans ou du poids de la religion sur la condition des femmes. D’où cette exposition de ses six grandes installations vidéo entourées d’œuvres d’autres artistes en conversations chuchotées dans la pénombre de la vaste salle d’exposition du Fresnoy. La Vierge au linge mouillé en sarcophage de Beuys ? C’est une tradition funéraire ouzbèke. La toile Sleeping Séraphin de Bobur Ismailov, en volutes lumineuses graciles sur fond noir ? Une vision surnaturelle.

Extrait de l'article de Pascale Lismonde publié dans le N°105 de la revue Art Absolument. Parution le 17 mars 2023.

Site de l'exposition