Les arts plastiques offrent plus de latitude de création que l’architecture, contrainte de concrétiser ses projets ; en d’autres termes, l’architecture de théorie permet toutes les aberrations, peut tendre vers la démesure et, plus loin encore, atteint différentes formes de folie, celle de Corbusier assainissant Paris à coups de barres ou du cinéaste Stanley Kubrick dans The Shining (1980). Cette réflexion sur l’architecture paraphrase alors l’Ecclésiaste pour conclure à la vanité et à la disparition de toute chose. L’occasion de pousser plus avant ce système visant à grouper des œuvres de toutes périodes et écoles, expérimenté, moins radicalement, dans les collections permanentes. L’exposition ouvre ainsi sur un grand écart belge où Jan Gossaert, dit Mabuse, pas tout à fait le romaniste de sa pleine carrière, confronte Wim Delvoye pour une joute gothique surenchérissant d’extravagance. Pinacles, choux, phylactères de pierres feintes pour un festival des fastes difficiles, grinçants chez Delvoye (Suppo, 2012), où des baies en anamorphoses tonnent comme des Memento Mori ; sans filet, ni contingence de pesanteur pour Mabuse.

Extrait de l'article de Vincent Quéau publié dans le N°104 de la revue Art Absolument. Parution le 3 février 2023

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