Hyperréalisme. Ceci n’est pas un corps.

Hyperréalisme. Ceci n’est pas un corps. : Valter Casotto In the Box extended 2017-18 Silicone, epoxy resin, oil colours each44 x 49,5 x 25    Hyperréalisme. Ceci n’est pas un corps. : John DeAndrea, Dying Gaul, 2010 © John DeAndrea Courtesy of Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris and Institute for Cultural Exchange, Tübingen Photo © clérin-morin photographie    Hyperréalisme. Ceci n’est pas un corps. : Duane Hanson Two Workers 1993 Bronze, polychromed in oil, mixed media, with accessories Figure1 standing: 190 x 167 x 66Figure 2 sitting:130 x 68 x 75ladder arranged:200 x 125 x 59   


L'exposition


C’est un euphémisme de dire de l’exposition du musée Maillol qu’elle est surprenante. Dès l’entrée, le regard doit s’acclimater et le risque existe de confondre la première figure en résine, modelée de dos, face au mur, avec une vraie jeune fille. Une fois la mise au point effectuée – « Ouf, ceci n’est pas une femme ! » –, l’on est plongé dans l’obscurité. Là, les figures s’enchaînent, troublantes. Du fait de procédés techniques poussés, l’illusion est parfaite : échelle humaine, vêtements qui pourraient être les nôtres, cheveux et silicone dont la texture est similaire à la chair et qui capte la luminosité, précision de l’application colorimétrique dans les détails des visages ou les veines d’un bras… Les autres sections entraînent ailleurs la confusion, avec leurs jeux formels sur l’échelle et la couleur – jusqu’au monochrome chez George Segal –, leurs morcellements et déformations du corps. Car le vérisme du détail s’amalgame à l’invraisemblable du tout, provoquant ce sentiment d’étrangeté s’appuyant sur la représentation de l’ordinaire. Humain, trop humain… Quant au fait d’exposer chez Maillol un panorama d’œuvres hyperréalistes – après des étapes de l’exposition à Bilbao, Canberra, Rotterdam, Bruxelles ou Lyon –, elle s’avère pertinente. En effet, si l’épure chère à Maillol anticipait l’abstraction en opposition de laquelle s’est constitué l’hyperréalisme américain de Duane Hanson et John DeAndrea dans les années 1960, le musée du sculpteur porté à la représentation du nu est l’écrin idéal pour suggérer combien le travail de la mimésis est encore d’actualité.

Extrait de l'article de Emma Noyant publié dans le N°103 de la revue Art Absolument. Parution le 14 octobre 2022.

Quand


08/09/2022 - 05/03/2023
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