Des mots et des lignes - Dessins écrivains
L'exposition
L’exposition Les mots et les lignes, présentée conjointement à l’Espace Art Absolument et au salon DDessin, réunit des dessins d’Adonis, Tahar Ben Jelloun, Zoé Valdès et Mâkhi Xenakis. Tous quatre mènent de front oeuvre littéraire et pratique plastique. C’est ce dialogue que fait vivre leur réunion exceptionnelle pour une exposition collective où se mesure le commun et l’écart entre l’écrit et le visuel propres à chacun de ces artistes.
En tant qu’écrivains, ces auteurs s’avèrent largement préoccupés de visions plastiques. Dessinant depuis l’enfance, Mâkhi Xenakis ainsi pu revenir à plusieurs reprises sur la relation qui la lie à Louise Bourgeois, tout comme Tahar Ben Jelloun, qui affirme « écrire la douleur du monde et peindre sa lumière », a consacré un ouvrage à Matisse ou un autre à Delacroix, sous la forme d’une lettre adressée à ce peintre, visiteur précoce de son Maroc natal. Chez Adonis, qui a beaucoup collaboré avec des artistes comme poète – Shaffic Abboud, Adel Abdessemed ou Philippe Amrouche notamment –, le mot et sa calligraphie se mêlent dans des effusions d’encre à des figures spectrales. Zoé Valdès, proche d’artistes cubains tels que Jorge Camacho ou Joaquim Ferrer, a souvent écrit sur la peinture – son essai Et la terre de leurs corps pour l’exposition Gauguin au Grand Palais en 2017 est un récent exemple.
L’œuvre poétique d’Adonis commence dans les années 1950, son œuvre plastique dans les années 1990. Donner leur liberté aux mains, c’est ainsi qu’il décrivait ses premières tentatives, bien que l’écrit, par ses ligatures précises, presque calligraphiques.
(Extrait d’un discours prononcé à la galerie Pankow, Berlin, le 21 janvier 2020,
traduit de l’allemand par Olivier Mannoni)
Tout a commencé par un trou minuscule dans le mur principal de la bâtisse déglinguée du Vieux La Havane où je vivais. Nous habitions une pièce étroite, au milieu de meubles entassés, ma mère, ma grand-mère, mes tantes (la vraie et la fausse), mes cousins et moi.
Extrait du texte de Zoé Valdés paru dans le n°92 Art Absolument
traduit par Albert Bensoussan
En un sens, peinture et écriture se complètent chez moi. C’est pour cela que j’ai pu dire que j’écris la douleur du monde et que je peins sa lumière. J’essaie de réserver à l’écriture la fonction de témoin quant à mon époque, et ma peinture, même si je mens un peu, recèle la joie de vivre, car elle est nécessaire pour espérer et lutter.
Extrait du texte de Tahar Ben Jelloun paru dans le n°92 Art Absolument
Plus récemment, j’ai retrouvé ce dessin annoté également par ma mère, daté de 1964, j’avais 7 ans et demi. La Sorcière… Cette sorcière, ma mère m’a-telle demandé de la dessiner ou l’ai-je dessinée toute seule ? Et pourquoi ma mère, la découvrant, eut l’idée de noter la date et le nom que je donnais à cette créature ? A-t-elle été inquiète ou amusée que sa fille de 8 ans dessine une sorcière.
Extrait avec du texte de Mâkhi Xenakis écrit à la fondation Hartung, septembre 2019
En tant qu’écrivains, ces auteurs s’avèrent largement préoccupés de visions plastiques. Dessinant depuis l’enfance, Mâkhi Xenakis ainsi pu revenir à plusieurs reprises sur la relation qui la lie à Louise Bourgeois, tout comme Tahar Ben Jelloun, qui affirme « écrire la douleur du monde et peindre sa lumière », a consacré un ouvrage à Matisse ou un autre à Delacroix, sous la forme d’une lettre adressée à ce peintre, visiteur précoce de son Maroc natal. Chez Adonis, qui a beaucoup collaboré avec des artistes comme poète – Shaffic Abboud, Adel Abdessemed ou Philippe Amrouche notamment –, le mot et sa calligraphie se mêlent dans des effusions d’encre à des figures spectrales. Zoé Valdès, proche d’artistes cubains tels que Jorge Camacho ou Joaquim Ferrer, a souvent écrit sur la peinture – son essai Et la terre de leurs corps pour l’exposition Gauguin au Grand Palais en 2017 est un récent exemple.
L’œuvre poétique d’Adonis commence dans les années 1950, son œuvre plastique dans les années 1990. Donner leur liberté aux mains, c’est ainsi qu’il décrivait ses premières tentatives, bien que l’écrit, par ses ligatures précises, presque calligraphiques.
(Extrait d’un discours prononcé à la galerie Pankow, Berlin, le 21 janvier 2020,
traduit de l’allemand par Olivier Mannoni)
Tout a commencé par un trou minuscule dans le mur principal de la bâtisse déglinguée du Vieux La Havane où je vivais. Nous habitions une pièce étroite, au milieu de meubles entassés, ma mère, ma grand-mère, mes tantes (la vraie et la fausse), mes cousins et moi.
Extrait du texte de Zoé Valdés paru dans le n°92 Art Absolument
traduit par Albert Bensoussan
En un sens, peinture et écriture se complètent chez moi. C’est pour cela que j’ai pu dire que j’écris la douleur du monde et que je peins sa lumière. J’essaie de réserver à l’écriture la fonction de témoin quant à mon époque, et ma peinture, même si je mens un peu, recèle la joie de vivre, car elle est nécessaire pour espérer et lutter.
Extrait du texte de Tahar Ben Jelloun paru dans le n°92 Art Absolument
Plus récemment, j’ai retrouvé ce dessin annoté également par ma mère, daté de 1964, j’avais 7 ans et demi. La Sorcière… Cette sorcière, ma mère m’a-telle demandé de la dessiner ou l’ai-je dessinée toute seule ? Et pourquoi ma mère, la découvrant, eut l’idée de noter la date et le nom que je donnais à cette créature ? A-t-elle été inquiète ou amusée que sa fille de 8 ans dessine une sorcière.
Extrait avec du texte de Mâkhi Xenakis écrit à la fondation Hartung, septembre 2019
Quand
13/03/2020 - 16/05/2020