À La Tannerie d’Houdan, les travaux de Pascale Beauchamps, Jean-Patrice Oulmont, Constance Fulda, Mathieu Venon et Alexandre Hollan célèbrent une nature originelle. Pour Fulda, l’arbre et son écorce sont un motif central : elle en relève les empreintes, les peint ou les dessine, en travail-le la texture, le grain, les couleurs et accidents. Parce qu’elle a pour charge symbolique la protec-tion, la régénération voire l’immuabilité face au temps qui passe, choisir l’écorce traduit un respect prononcé de l’artiste pour une nature toujours enveloppante et protectrice. À nous de lui rendre ce don en ne rompant pas son équilibre : la sublimant par le prisme de son imagination, Fulda ne la dénature pas pour autant, tout préoccupée qu’elle est d’en donner une représentation la plus fidèle possible, d’en retranscrire les fentes, blessures et cicatrices, marques de lichens et de mousse… L’œuvre présentée par Jean-Patrice Oulmont va dans ce sens : dans ses sculptures de troncs, l’artiste respecte rythme et essence du bois. Par ailleurs, la mosaïque uniquement constituée de galets et de cailloux ramassés par Pascale Beauchamp a quelque chose d’une mosaïque des ori-gines, soit des premiers essais de cet art de l’assemblage remontant à la fin du IVe millénaire av. J.-C. Là encore, hommage est rendu à ce qui constitue les fondements de l’humanité et la condi-tion sine qua none de l’harmonie de la vie humaine. Il faut renouer avec un état contemplatif, pren-dre le temps de s’émerveiller des petites prouesses s’offrant quotidiennement au regard : Mathieu Venon s’attache à ennoblir les mondes modestes et présente une vidéo de cheminement des es-cargots. Ces expériences esthétiques ainsi réunies apparaissent comme un manifeste pour la considération et la sauvegarde d’un environnement plus que jamais menacé par l’homme.

Emma Noyant

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