Gustave Moreau. Vers le songe et l'abstrait
L'exposition
Moreau, père de l’abstraction ?
En revenant sur les notions d’ébauche et d’abstrait, souvent confrontées lorsqu’on évoque la peinture non figurative de Gustave Moreau, Marie-Cécile Forest, directrice de l’établissement, rouvre un débat de longue date. En 1961 déjà, l’artiste américain Paul Jenkins s’interrogeait sur le fait que celui qu’on connaît surtout pour son Apparition ou sa Salomé dansant soit aussi le « grand-père controversé de l’abstraction ». L’artiste lui-même parla d’ailleurs d’entraîner son public « vers le songe et l’abstrait », bien que le terme « abstrait » s’entendait alors comme s’opposant au réalisme, et non à la figuration. À l’origine pourtant, cette partie de son œuvre fut plutôt considérée comme des étapes préliminaires à la réalisation de chefs-d’œuvre : pour son Jupiter et Sémélé, l’artiste procéda par paliers, créant des compositions dont la couleur et la forme sont, pour les premières, simplifiées jusqu’à l’essentiel. Mais cela se vérifie moins dans d’autres cas : l’exposition présente notamment une sélection de peintures sur fond bleu qu’on ne peut – a priori – rattacher à aucune œuvre achevée du peintre, et dont aucun élément n’est identifiable. Notre regard contemporain les qualifierait alors d’abstraites, de geste intentionnel, là où d’autres n’y virent autrefois qu’un geste hasardeux ou des essais de couleurs. Si les regards changent au fil du temps, c’est bien , toujours, le regardeur qui fait l’œuvre.
Extrait de l'article d'Emma Noyant,publié dans le N°86 de la revue Art Absolument.
Parution le 22 novembre 2018
En revenant sur les notions d’ébauche et d’abstrait, souvent confrontées lorsqu’on évoque la peinture non figurative de Gustave Moreau, Marie-Cécile Forest, directrice de l’établissement, rouvre un débat de longue date. En 1961 déjà, l’artiste américain Paul Jenkins s’interrogeait sur le fait que celui qu’on connaît surtout pour son Apparition ou sa Salomé dansant soit aussi le « grand-père controversé de l’abstraction ». L’artiste lui-même parla d’ailleurs d’entraîner son public « vers le songe et l’abstrait », bien que le terme « abstrait » s’entendait alors comme s’opposant au réalisme, et non à la figuration. À l’origine pourtant, cette partie de son œuvre fut plutôt considérée comme des étapes préliminaires à la réalisation de chefs-d’œuvre : pour son Jupiter et Sémélé, l’artiste procéda par paliers, créant des compositions dont la couleur et la forme sont, pour les premières, simplifiées jusqu’à l’essentiel. Mais cela se vérifie moins dans d’autres cas : l’exposition présente notamment une sélection de peintures sur fond bleu qu’on ne peut – a priori – rattacher à aucune œuvre achevée du peintre, et dont aucun élément n’est identifiable. Notre regard contemporain les qualifierait alors d’abstraites, de geste intentionnel, là où d’autres n’y virent autrefois qu’un geste hasardeux ou des essais de couleurs. Si les regards changent au fil du temps, c’est bien , toujours, le regardeur qui fait l’œuvre.
Extrait de l'article d'Emma Noyant,publié dans le N°86 de la revue Art Absolument.
Parution le 22 novembre 2018
Quand
17/10/2018 - 21/01/2019