Joël Andrianomearisoa

Joël Andrianomearisoa : Négociations sentimentales Acte V . 2013, bois, miroirs de poche, 203,2 x 91,4 cm chaque panneau. Collection de l'artiste.   


L'exposition


Pour la galerie RX, installée dans l’ancien laboratoire des physiciens atomiques Irène et Frédéric Joliot-Curie à Ivry, Joël Andrianomearisoa a conçu de grands murs de papier et de tissu noirs déchirés, collés – en transparence ou non – comme autant d’ailes de papillons qui palpitent doucement dans les courants d’air, « en attente de l’aube qui nous surprendra aux rives du sommeil ». Quoique Parisien du monde, l’artiste trouve son geste énigmatique, élégant et raffiné dans la dérive sentimentale qui l’entraîne dans les profondeurs de son île natale, quand l’alizé se brise sur Madagascar et qu’on retourne les morts lors d’étranges cérémonies d’exhumation… « Je suis quelqu'un qui fait des images, dit-il, mais j'ai besoin d'être surpris par les images. » Ses pans de tissus sombres, fragiles et aériens renvoient moins aux zips de Barnett Newman ou à l’outrenoir de Pierre Soulages qu’au style kotona du palais traditionnel des Hautes-Terres, simple maison parallélépipédique entièrement construite en lattes de bois noir, tel qu’on peut le voir au palais d’Andrianampoinimerina, souverain du XVIIIe siècle dans le Rova (enclos royal) d'Ambohimanga. Les lambeaux arrachés à la nuit de Joël n’en paraissent pas moins avoir cédé à l’injonction du poète de l’amour obscur Federico García Lorca : « Prends pour embellir ta rivière ces feuilles d’un automne désolé. »

Article d'Emmanuel Daydé dans le Numéro 72 parution Juillet 2016

Quand


08/06/2016 - 03/09/2016
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