Après Kiefer, Serra, Boltanski, Kapoor, Buren et les Kabakov, Monumenta 2016 est confiée à Huang Yong Ping, l’une des grandes figures de l’avant-garde artistique chinoise. Avec Empires, il transforme la nef magistrale du Grand Palais en un gigantesque vaisseau, où les containers de transports internationaux sont comme des pions qui se déplacent au gré des jeux de stratégie des nouveaux pouvoirs géopolitiques et économiques. Mais la présence d’un serpent colossal met en tension ce paysage typique des mutations et des flux de notre époque globalisée.



Soko Phay :Concernant le projet de Monumenta, s’agit-il d’occuper le centre ?
Huang Yong Ping : Pour mon projet de la Biennale de Venise, j’ai essayé d’avoir un pied à l’intérieur et un pied à l’extérieur. Pour la Monumenta, il est important pour moi de tenter d’exploiter l’intérieur. Bien sûr, on peut considérer l’emplacement du Grand Palais comme le centre, mais tout cela n’est pour moi que provisoire et éphémère, comme le sont tous les projets artistiques. Ceux qui sont en ce moment au centre finissent parfois par se marginaliser peu à peu. Par ailleurs, entrer dans le centre veut-il dire se situer au centre ? C’est une question à poser… Quand on entre dans l’espace du Grand Palais et qu’on voit les containers, on pense aux terminaux à containers qui ne sont pas habituellement visibles au centre, mais plutôt à la périphérie. Le fait de les déplacer ici est pour moi une façon de modifier le centre. Les containers sont donc à la fois au centre et à la périphérie. [...]

Extrait de l'entretien publié dans le N°71 de la revue Art Absolument
N°71 - Mai/Juin 2016

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