Distrait, joueur mais aussi subtil piocheur, c’est à l’occasion d’une exposition monographique que Jean-Michel Alberola investit les murs du Palais de Tokyo. Ce plasticien pluriel est d’abord peintre mais il se laisse vite séduire par les perspectives de l’installation, du film et de la sculpture : tant de médiums par lesquels son travail se construit et se déconstruit depuis 1980, afin de se réapproprier à l’infini les thèmes abordés. Et propose aujourd'hui un parcours où des œuvres inédites, revisitées ou antérieures dialoguent, s’imprègnent du discours et se scindent de détails éloquents. Cris politiques, comptines philosophiques ou expression d’ennui : l'œuvre d'Alberola, emplie de révolte et de ses contradictions, de quotidien et de grandiloquence, cite et détourne de grandes figures telles Franz Kafka, Nietzsche ou Karl Marx et puise dans des récits tant bibliques que mythologiques. Ses travaux oscillant entre l’abstraction, la figuration et la narration concrète sèment le doute autant que les indices : « pensée qui se voit, qui se fabrique », selon les mots de l’artiste où le spectateur est créateur par le simple écho qu’il lui confère. Forçant dans une même frontalité l’imaginaire et la réalité parfois amère, son œuvre est à saisir de plain-pied.

Charlène Rioux

Site de l'exposition