Primaires et rudimentaires, le bleu, le jaune et le rouge, source de toutes les variations chromatiques et nuances expressives de la peinture, clament depuis plus d’un siècle leur puissance autonome, à l’encontre des contraintes picturales classiques. Au fil d’un parcours éclectique regroupant plus de 50 artistes, près de 70 œuvres entrent en résonnance et dévoilent la variété du trait, de l’aplat et de la forme sous toutes ses tonalités. À travers une large palette de peintres et de dessinateurs, l’exposition retrace les divers rejets et exaltations des codes picturaux au cours de l’époque moderne et contemporaine. Ainsi d’un symbolisme néo-impressioniste de Ferdinand Hodler on évolue vers le fauvisme, les nabis et le cubisme pour finalement révéler l’abstraction puis la nouvelle figuration. Lyrique, poétique et narrative la couleur s’émancipe. C’est par des touches fluides chez Gérard Schneider ou par des monochromes chez Yves Klein que s’exprime ce nouvel usage équivoque. Jouant tour à tour le rôle de structure dans les toiles d’Auguste Herbin ou d’élément essentiel à l’illusion d’optique de l’œuvre de Vasarely, la couleur possède toutes les vertus d’adaptation. Son passé teinté de règles et de diktats est révolu, elle est ici indépendante, libre et voulue.

Charlène Rioux

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