Programmée par la Biennale de Marrakech, l’exposition inaugure les 400 m2 de la fondation de Nabil el Mallouki sur une thématique ambitieuse : que peut, au juste, l’art face aux tragédies de l’Histoire ? Comment témoigner de l’innommable avec les armes symboliques de la culture ? Comment le surmonter ? Comment les œuvres peuvent-elles être à la fois en prise avec l’inhumanité et générer malgré tout de l’espérance humaine à travers leur sublimation ?
L’enjeu est crucial car l’on sait que la limite de l’art dit « politique » est de se satisfaire d’un message univoque auquel veulent délibérément le réduire les propagandistes. La négation de la perception sensible et de la pensée réflexive est l’une des caractéristiques de l’inhumain, et toute œuvre engagée digne de ce nom – dont Guernica est l’exemple tutélaire – est par définition pluralité, ouverture des sens et du sens, capacité d’innovation qui excède la simple littéralité de ce qui est dénoncé. [...]

Extrait de l'article de Gilles Lanceval paru dans le numéro 69

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