Une respiration, un souffle, un léger sifflement, voilà les premiers éléments de l’une des deux œuvres qu’Erik Samakh a créées spécialement pour le jardin du musée Rodin. Transmis grâce à des enceintes disséminées dans les ifs ponctuant le chemin du promeneur, ils sont comme autant de sensations fantomatiques, qui viennent envelopper les sculptures de Rodin, s’imposant, elles, par leur présence physique et silencieuse. Samakh se décrit comme un « chasseur-cueilleur » qui ramènerait de ses promenades des bruits, des sensations et des travaux sur les matériaux naturels. Il a en commun avec Rodin, l’amour du vivant, de la chair et la volonté de créer une œuvre universelle. Pour cela il utilise les sons, les voix et la lumière comme Rodin insufflait la vie à ses sculptures à travers la mise en scène du mouvement. L’œuvre sonore Des voix, les ifs est complétée, pour la première fois dans son travail, par une installation visuelle faite de dix blocs de pierres naturelles, disséminées dans le jardin, et parsemées de lucioles. Cette œuvre, qui mêle la dureté et la permanence de la pierre à la légèreté, la transparence et la fragilité des lucioles envahit l’espace et en même temps, s’y fond presque totalement. Les lucioles, en éclairant à la tombée du jour les sculptures de Rodin, créent des ombres mouvantes, renforçant la vie qui s’en dégage. Erik Samakh nous livre une œuvre à la frontière du fantastique et du surnaturel, qui trouble notre perception des lieux et met nos sens en éveil.

Charlotte BARBIER

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