Vies d’Albrecht Altdorfer


Vies d’Albrecht Altdorfer
Paul Louis Rossi
Éditions Bayard


À l’aube du XVIe siècle – ce siècle si capital pour la chrétienté d’Europe qui voit l’instauration du schisme entre catholiques et protestants – l’auteur, dans son style très personnel, nous offre un splendide préambule à l’école du Danube si fondamentale pour l’histoire de l’art : le visionnaire maniériste Albrecht Altdorfer bien sûr, mais aussi les incontournables Dürer, Lucas Cranach ou Grünewald, mais aussi quelques artistes moins renommés et pourtant talentueux : Urs Graaf, les frères Beham, Martin Shongauer, Wolf Huber, etc.
C’est à partir de l’évocation à la fois géographique et historique que nous sommes à même de mieux comprendre l’émergence singulière de cette flamboyante renaissance allemande : Paul Louis Rossi s’attarde, entre autres figures rebelles, sur Thomas Münzer, le maître à penser exalté des insurrections utopiques des paysans qui réclament l’application sans délai de l’Évangile et de l’égalité contre l’ordre établi, sur le moine excommunié Martin Luther qui, s’opposant à la papauté et à Charles Quint au bénéfice des princes allemands, placarde ses 95 thèses de la Réformation, en 1517, au château de Wittenberg, avant de traduire la Bible en langue vernaculaire allemande afin qu’elle soit accessible à tous. Peut-être, malgré le scrupule qu’il énonce lui-même concernant l’incongruité – voire l’impossibilité – de dire ce que la peinture dit fort bien elle-même, l’intelligence sensible et l’érudition littéraire de l’auteur devraient-elles l’inciter à exprimer davantage sa propre subjectivité : les rares fois où il s’y risque – par exemple à propos de la célèbre gravure de La Mélancolie de Dürer ou de la non moins célèbre Bataille d’Issos d’Altdorfer – c’est tout simplement superbe !

Pascal Amel


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