Grau-Garriga. L’expérience imaginée

Grau-Garriga. L’expérience imaginée : Vue de l'exposition Grau-Garriga. L’expérience imaginée, galerie Nathalie Obadia, Paris, 2023. Au centre :  Le Combat du marin. 1989, laine, coton, et vêtements, 200 x 350 cm. Courtesy de l’artiste et de la Galerie Nathalie Obadia Paris / Bruxelles. Crédi    Grau-Garriga. L’expérience imaginée :  Josep Grau-Garriga. Com bandera (Comme un drapeau). 1974, laine et jute, 195 x 295 cm. Courtesy de l’artiste et de la Galerie Nathalie Obadia Paris / Bruxelles. Crédit photo : Bertrand Huet / tutti image    Grau-Garriga. L’expérience imaginée : Josep Grau-Garriga. Cel d’herba (Ciel d’herbe). 1980, laine, chanvre et fibre synthétique, 180 x 205 cm. Courtesy de l’artiste et de la Galerie Nathalie Obadia Paris / Bruxelles. Crédit photo : Bertrand Huet / tutti image   


The exhibition


C’est une vaste composition aux bandes rouges et jaunes lardée de chutes ocre qui accueille le visiteur de la galerie Obadia, et claque à ses yeux comme un étendard solaire et meurtri. Justement intitulé Com bandera (« Comme un drapeau »), il date de 1974 et reprend les couleurs de celui de la Catalogne, dont l’identité étouffe alors sous les derniers feux de la dictature de Franco. Ayant passé les soixante premières années de sa vie dans la patrie de Miró et Tàpies – il partage une certaine agressivité plastique avec le premier et l’humilité face à la matière avec le second –, Josep Grau-Garriga fera de sa petite ville natale de Sant Cugat del Vallès, près de Barcelone, le foyer d’une révolution textile, retournant l’orthodoxie de l’art du tissage en un instrument de liberté et d’expression. Travaillant sans carton et à la verticale, il en vient à faire vibrer des couleurs sourdes sous la trame et à laisser la matière s’enfler en de grandes panses, comme celles du magistral Agost 86 dans cette exposition. Engageant laine, coton, soie, jute et corde grossière – et jusqu’à des chemises dans Le Combat du marin (1989) –, la rudesse de ses moyens s’applique à exprimer sa poésie autant dans le verdoiement nocturne de Cel d’herba (1980) que dans l’énigmatique douleur de Rastre de naufragi (« Trace d’un naufrage »), réalisé dans son dernier atelier de Saint-Mathurin-sur-Loire deux ans avant sa disparition en 2011.

Tom Laurent

When


24/02/2023 - 15/04/2023
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