Tout le poids d’une île. Collectionner l’art cubain

Tout le poids d’une île. Collectionner l’art cubain : Ernesto Leal. Read between the lines, série Títulos. 2010, acrylique sur toile, 170 x 170 cm. Collection François Vallée, Rennes    Tout le poids d’une île. Collectionner l’art cubain : Vue de l’exposition Tout le poids d’une île. Collectionner l’art cubain, musée des Beaux-Arts, Rennes 2022. De gauche à droite : œuvres de Jorge Luis Marreo, José Àngel Toirac et Hamlet Lavastida. Collection François Vallée, Rennes.    Tout le poids d’une île. Collectionner l’art cubain : Carlos Rodríguez Cárdenas. Filosofía de los mojones, série Filosofía popular.  1988, huile sur carton. 30 x 26 cm. Collection François Vallée, Rennes.    Tout le poids d’une île. Collectionner l’art cubain : José Bedia. Nkuyo nfinda (détail). 2022, peinture noire, terre sur mur, sculpture, objets, deux fresques, 277 x 1300 cm chacune. Installation au musée des Beaux-art, Rennes, 2022.   


The exhibition


[...] « Bien que nous n’ayons pas voulu organiser une exposition politique, celle-ci se glisse partout » observe François Coulon, conservateur au musée de Rennes. Le parcours s’ouvre avec le didactique Abstracto parece, pero no es (« Cela semble abstrait, mais ça ne l’est pas ») de 2007, entrelaçant des fragments du journal officiel du Parti communiste cubain en une vision pixelisée. Visibles uniquement au prisme d’un appareil photo, ses figures ne sont autres que des « Dames en blanc », femmes, mères et sœurs dont les manifestations après la rafle en 2003 de 75 de leurs parents dissidents perdurent encore aujourd’hui. Assumant son caractère littéral, José Ángel Vincench se sert de l’art conceptuel comme d’une vitrine, tandis qu’Ernesto Leal, sondant les failles entres le langage et la peinture, invite à Lire entre les lignes, objectivant discours et abstraction picturale, tout en reprenant les motifs de l’art concret de ses aînés des années 1950 dans sa série Esthétique de la censure (2014). Celle-ci s’abattra sur Carlos Rodríguez Cárdenas, dont les dessins de Filosofia de la mojones (« Philosophie des étrons ») réalisés en 1988, juste avant qu’il ne quitte Cuba, réduit la vie sur l’île à la seule gestion de ses excréments, sur un mode ouvertement grotesque le liant à l’exemple d’Umberto Peña. D’autres ont adopté des stratégies moins frontales, en forme de camouflage. Dans les années 1990, alors que s’ouvre la Période spéciale et les rationnements drastiques, Pedro Alvarez Castelló parodie « l’effort national » et les lubies du Líder Maximo, grimant ses mots d’ordre sous d’autres, ostensiblement absurdes – inventant par exemple celui de redresser l’intégralité des arbres. [...]

Extrait de l'article de Tom Laurent publié dans le N°104 de la revue Art Absolument. Parution le 3 février 2023

When


26/11/2022 - 02/04/2023
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