Gauguin l'alchimiste

Gauguin l'alchimiste : Portrait de l’artiste au Christ jaune, 1890-1891, huile sur toile, 38 x 46 cm Paris, musée d’Orsay © Rmn-Grand Palais (musée d’Orsay) / René-Gabriel Ojéda    Gauguin l'alchimiste : Portrait de Jacob Meyer de Haan, 1889, aquarelle et crayon sur papier, 16,2 x 11,4 cm New York, The Museum of Modern Art. Don d’Arthur G. Altschul, 1977 © 2017. Digital image, The Museum of Modern Art, New York / Scala, Florence    Gauguin l'alchimiste : Manao tupapau (L’Esprit veille), dit aussi L’esprit des morts veille, 1892, huile sur toile de jute marouflée sur toile, 73 x 92 cm, Buffalo, New-York, Albright-Knox Art Gallery, collection A. Conger Goodyear © Albright-Knox Art Gallery   


The exhibition


En 1893, Pissarro n’a plus la moindre illusion. À son fils : « Gauguin a une exposition en ce moment qui fait l’admiration des hommes de lettres, ils sont paraît-il enthousiasmés, les amateurs sont déroutés et perplexes. Quelques peintres, me dit-on, sont unanimes à trouver cet art exotique trop pigé aux canaques, il n’y a que Degas qui admire ; Monet, Renoir trouvent cela tout bonnement mauvais… […] Gauguin certainement ne manque pas de talent, mais quel mal il a à se ressaisir, il est toujours à braconner sur les terrains d’autrui, aujourd’hui il pille les sauvages de l’Océanie ! » La réaction de Renoir est la même. Il confie : « Je ne pouvais supporter la peinture de Gauguin. Ses Bretonnes ont l’air anémiques. » Et d’ajouter encore : « Pourquoi aller chercher en Océanie ? On peut si bien peindre aux Batignolles. » Et Cézanne d’affirmer quant à lui : « Gauguin n’était pas peintre, il n’a fait que des images chinoises. » Lettre de Pissarro à son fils du 28 février 1895 : « Gauguin qui est le chef de file vient de subir un échec désastreux, sa vente a été très mauvaise. Sans Degas, qui a acheté quelques toiles, c’eût été encore pire. À propos de Gauguin, j’ai causé avec Degas dernièrement. Il me disait ceci qui est typique : “Mon cher, j’ai un certain goût pour ce qu’il fait malgré que j’y vois très bien ses trucs.” “Parbleu”, lui ai-je dit, “moi aussi je vois très bien que Gauguin a du talent, ne vous l’ai-je pas dit dans le temps, mais avouez qu’il fait trop le malin.” Comme c’était du reste l’avis de Degas dans le temps. »

Extrait de l'article de Pascal Bonafoux dans le N°79 de la revue Art Absolument. Parution le 20 septembre 2017

When


11/10/2017 - 22/01/2018
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