Questionnant leur identité culturelle, les 12 artistes chinois présentés à la fondation Louis Vuitton font dialoguer universalité et particularité en juxtaposant les médiums. Chacune des œuvres correspond aux mutations sans cesse plus rapide de la société et l'emploi de technique traditionnelle renforce les incohérences qu'elles dénoncent. Qiu Zhijie utilise par exemple la calligraphie sur de grands panneaux pour évoquer l'évolution de la Chine continentale aux travers ses récits cartographiques apposés sur des lés de soie. À l'inverse, Cao Fei ancre ses œuvres dans l'actualité pour mieux la remettre en cause : avec son installation "Strangers", il emploie les nouvelles technologies pour en dénoncer l'utilisation. La projection de conversations de sites de rencontres sur des panneaux mobiles autour desquels les spectateurs déambulent renvoient à l'impersonnalité des échanges qui deviennent publiques, et qui sont surtout filtrées et surveillées par le gouvernement. La porosité entre activités privées et mondialisation des pratiques fait alors surgir des comportements nouveaux, adaptés aux différentes temporalités qui interagissent. Des œuvres comme celles de Xu Zhen et Liu Shiyuan font coïncider ces deux aspects de la culture chinoise, en mettant en avant la complexité de cette confrontation. C'est par exemple le cas de l'installation From Happiness to Wathever, qui se présente comme une chambre de méditation intégralement tapissée de moquettes, avec pour fonds sonores des bruits venant des quatre coins du monde.

Marie-Astrid Vandesande

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