Notre environnement déploie une palette d’expression urbaine de plus en plus variée et engagée. C’est à l’occasion de l’hommage au « Bouddha Tagueur » Ladislas Kijno, disparu en 2012, que la galerie Stéphanoise souhaite retracer l’émergence de ce mouvement aux divers visages et qu’elle présente ainsi une soixantaine d’œuvres à travers une sélection de 15 artistes. De notoriétés aussi historiques qu’émergentes, ils permettent de dresser une gamme nuancée de cet art passé de l'ombre à la lumière. Kijno est un artiste polonais et grand voyageur qui se détache de toute pensée arbitraire et formelle. Touche-à-tout, ce peintre humaniste, philosophe, musicien, poète, théosophe ou encore géologue, fut une machine à expérimenter. Son utilisation de l’éclaboussure, de l’ajout poétique et de la bombe aérosol dès 1961 figure les prémices d’un art entre suggestion et contemplation, le Street Art. Aujourd’hui, ce sont les phrases raisonnées et transgressives de Ben, l’éclat lumineux des corps mouvementés de Mesnager ou les anonymes célébrés par C215 qui bercent la vie de nos impasses et murs cachés. Et le graffiti lui s’exprime et renaît sur les murs et les toiles, sous la patte d’un Speedy Graffito, d’un JonOne, ou de plus jeunes tels que BABS ou Jerk 45. Liberté de l’émotion et de lieu d’exposition, ce mouvement est à l’origine une pratique contestataire dont on brise peu à peu les fers.

Charlène Rioux

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