Pierre Buraglio / Edouard Pignon

Pierre Buraglio / Edouard Pignon : Edouard Pignon. Les Plongeurs verticaux II. 1961, huile sur toile, 195 x 130 cm © Galerie Bernard Ceysson Paris    Pierre Buraglio / Edouard Pignon : Pierre Buraglio. Les très riches heures de PB. 1982, Caviardage sur papier journal Le Monde contrecollé sur bois, 100 x 73,5 cm © Pierre Arnaud   


The exhibition


Henri Lefebvre écrivit à propos d’Edouard Pignon : « Il a vu le su dans le connu et réciproquement le vu dans le su ». Phrase alambiquée s’il en est, qui prend néanmoins sens si l’on se penche sur l’œuvre de Pignon, ici mise en perspective avec celle de Pierre Buraglio. Ce dernier a délibérément choisi de s’exposer avec cet artiste particulièrement prolifique, figure artistique française du XXe siècle, pourtant aujourd’hui quelque peu oublié. Parce qu’entre leurs deux œuvres, il y a des consonances, des échos perceptibles. La vivacité des couleurs, la conscience politique acérée, un désir de cette dialectique qu’exprimait Pierre Francastel, lorsqu’il évoquait cette idée que l’expérience artistique est intrinsèquement liée à l’expérience sociale. La création d’œuvres délibérément à contre-courant des codes esthétiques de leur époque, aussi : artisan plutôt qu’artiste et refus des outils traditionnels pour Pierre Buraglio ; peintre entre l’abstrait et le figuratif, difficilement classable par les historiens de l’art pour Edouard Pignon. Mais aussi cette idée que l’art est un moyen de connaissance, qui demande une attention au monde toute particulière ainsi qu’un questionnement permanent. Chez Pignon, peintre du réel avant tout, issu du milieu ouvrier, la peinture est une force qu’il a su s’approprier et dans laquelle il insuffle une dimension sociale, tout en se souciant de ne peindre que ce qu’il sait parce qu’il le voit – des paysages, des combats de coq, des nus, des oliviers, des paysans, la mer. Sa production est sérielle et chaque œuvre en appelle une autre. Pratique « mécanique » que l’on retrouve chez Buraglio, qui réalise des assemblages, des superpositions, déconstruisant le tableau de chevalet au profit d’une image composée de plusieurs espaces, plusieurs figures, invoquant ainsi diverses dimensions d’un réel figuratif, oscillant entre le tout et ses fragments. Chacun à leur manière, ces deux artistes ici réunis le temps d’une exposition bousculent l’esthétique contemporaine, inventent leur propre polysémie signifiante et se saisissent de la réalité dans toute sa complexité, sa pluralité, sa force et son expressivité. Ainsi que l’avance Bernard Ceysson, pour l’un comme pour l’autre, créer : « c’est d’abord vouloir proposer sur le réel, un regard qui ne peut pas voir sans savoir et savoir sans voir. »

Géraldine Robin

When


05/09/2014 - 18/10/2014
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