Le suicide de Gros
Suggérant l’éclat de la carrière d’Antoine-Jean Gros, des toiles comme Les pestiférés de Jaffa (1804) ou La Bataille d’Eylau (1808) tendent à escamoter une face du destin de celui qui fut l’élève préféré de David : celle, toute en noirceur, qui le pousse à se jeter dans la Seine à Meudon, loin de son atelier et de son art, en 1835. Cet ouvrage fait le point sur les difficultés de Gros à maintenir son rang de peintre lors de la chute de l’empire napoléonien, à renouveler son inspiration en regard de la nouvelle génération. Difficultés qui eurent raison de son appétit de vie, et s’affichent comme les symptômes d’un décalage entre l’auréole passée et la concurrence toujours rude entre générations d’artistes lors de leur confrontation dans les tous nouveaux salons. Presque jetée en pâture à l’opinion publique, sa peinture aux sujets d’histoire choisis dans l’actualité, avec sa palette sombre, attire l’indifférence ou les foudres des critiques. « L’immobilisme » de Gros, qui fut considéré par la jeunesse romantique comme l’exemple à suivre pour son parcours durant l’épopée napoléonienne, le transforma peu à peu en vieux maitre anachronique. Au-delà de cette voie, ce livre illustré revient sur les différentes stratégies dont les élèves de David – Gros, Gérard, Girodet et Guérin - usèrent et sur leurs rapports à la nouvelle liberté dans le choix des sujets.
Tom Laurent
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