Malgré tout, Semiose s’agrandit



On dit souvent le modèle des galeries moribond, avec comme sempiternelle question celle d’une taille critique qui ne laisserait une viabilité qu’aux mastodontes financiers. À Paris, la trajectoire de Semiose offre un exemple à suivre de près, étant donné les difficultés qui attendent les galeristes de la capitale dans les suites du Covid-19.

Créée en 2007 dans un XXe arrondissement encore peu couru des marchands d’art contemporain, passée par la rue Chapon dans le Marais, la galerie a désormais pignon sur rue au 44, rue Quincampoix, dans des espaces qui ont vu Jean Fournier exposer tout un pan de l’abstraction américaine et française, puis Agnès B. installer sa Galerie du jour. Formé à l’imprimé – une activité qui perdure au sein du pôle éditions de Semiose –, les choix de son fondateur Benoît Porcher s’en ressentent : un certain esprit graphique et décomplexé lie les artistes qu’il soutient, réunissant des œuvres historiques que le travail de la galerie a permis de faire sortir de l’oubli et celles de tout jeunes artistes. Dans la première catégorie, il s’est récemment attelé à exhumer le pop grinçant de l’Américain Steve Gianakos, né en 1938. À l’opposé dans la pyramide des âges, le Hongrois de Londres Szabolcs Bozó n’a que 28 ans. Mais ses figures animales, qui inaugurent ce nouvel espace, partagent avec celles de son aîné un art de la recomposition grotesque, dont la dérision, si elle n’est pas critique comme chez Gianakos, souscrit à une même gaieté.

Extrait de l'article de Tom Laurent publié dans le N°93 de la revue Art Absolument. Publication le 21 juillet 2020

Szabolcs Bozó. Big Bang. Galerie Semiose, Paris. Du 19 juin au 1er août 2020


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