Brancusi et la photographie


Pierre Schneider
Éditions Hazan


“Ce n’est pas la forme extérieure qui est réelle, mais l’essence des choses.” Ainsi pourrait se définir l’esthétique néoplatonicienne de Brancusi. Une exaltation de l’intériorité aux dépens de l’apparaître sans pour autant renier la noblesse du matériau et la beauté immédiate de l’objet. Et la photographie semble un supplément nécessaire quand il s’agit d’appréhender dans son authenticité une oeuvre aussi mystérieuse. C’est précisément le dessein de Pierre Schneider qui, avec ce magnifique livre Brancusi et la photographie, tente de revisiter la singularité du sculpteur roumain à travers son propre regard. Car l’artiste, refusant le témoignage imprécis des professionnels, s’est attaché à être l’auteur de l’ensemble des clichés de son travail. Ce livre suit ainsi le cheminement d’une énergie créatrice sous la direction implicite du sculpteur. On échappe notamment à un essai d’histoire de l’art ou à une herméneutique pompeuse pour s’inscrire dans une sorte de généalogie de la perception. Pierre Schneider révèle progressivement, grâce à la superposition du travail des mains (les objets) et des yeux (les photos) de l’artiste, la portée réelle de ses créations, leur qualité intelligible. L’auteur raconte les hauts et les bas de cette quête, analyse les méthodes utilisées par Brancusi pour chercher à “pénétrer dans le Royaume des cieux”. En découvrant que toute prise de vue a deux auteurs – le photographe et le Hasard –, Brancusi croit disposer du moyen de capter dans ses clichés le signe céleste qui lui prouverait qu’il a réussi. L’occasion d’exalter les avantages de la photographie comme moyen de transmission mais aussi comme méthode de dévoilement. Une manière originale et juste de partager les confidences et les inconsciences du père de la sculpture moderne.

Louis Rogeon


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