Art Paris Art Fair 2018



Pour les vingt ans d’Art Paris Art Fair, François Piron a réalisé une sélection de vingt artistes représentés sur la foire, pensée comme « un regard subjectif sur la scène française ». Pour le critique d’art et commissaire d’exposition, c’est une nouvelle occasion de faire valoir sa conception inclusive de l’histoire de l’art.

Clément Thibault: Pourquoi avoir réalisé cette mise en lumière de la scène française pendant Art Paris Art Fair cette année ?
François Piron : Les circonstances. Celles du vingtième anniversaire d’une foire qui, historiquement, s’était positionnée en faveur des galeries françaises — avant de prendre une ampleur plus internationale. En 2018, les organisateurs ont souhaité manifester de nouveau cet ancrage. Me concernant, cela rejoint des préoccupations que j’ai pu développer avec l’exposition L'esprit français. Contre-cultures, 1969-1989 (la maison rouge, 2017) où je souhaitais revaloriser un certain nombre d’artistes qui, pour certaines raisons, ont été marginalisés ou oubliés, et par ce biais questionner un héritage culturel iconographique des années 70 et 80 dont la place reste minoritaire dans les institutions.

Quelle forme prend cette sélection ?
C’est un parcours dans les galeries. Il n’y a pas de ligne, d’esthétique qui se distingue de cette sélection. C’est moins un travail de commissaire d’exposition que de critique d’art : identifier et mettre en lumière certains artistes. Pour ce faire, j’avais réalisé au préalable une liste assez ouverte et importante, que nous avons modifiée au gré des circonstances. Nous sommes allés, avec Guillaume Piens, solliciter plusieurs galeries, qui ont accepté de rejoindre la foire, parfois pour la première fois.

Votre sélection alterne entre grandes figures de l’art contemporain (Vera Molnar, Tania Mouraud, Pierrette Bloch…) et une exploration des marges, l’art brut avec A.C.M, l’illustration ou l’art urbain, avec Blek le Rat. Est-ce là une volonté d’être inclusif ?
C’est une certitude. Cette sélection témoigne d’une volonté de rebattre les cartes de ce qui est considéré comme « art contemporain », de questionner ses limites. Avant d’être représentatifs d’une scène quelconque, ces artistes ont tous une grande singularité. J’ai favorisé les francs-tireurs. Les institutions livrent une narration plutôt homogène et lisse quand elles abordent l’histoire des soixante dernières années. Cela met à l’écart les figures plus libres, plus complexes.

Entretien entre François Piron et Clément Thibault
Publié dans le N°82 de la revue Art Absolument.
Parution le 23 Mars 2018


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