A lire absolument : Le Paradigme de l’art contemporain



Retrouvez nos chroniques de cet essai de Nathalie Heinich, paru aux éditions Gallimard


[…] C’est un essai brillant, sans concession, à méditer si l’on veut comprendre quelle est la stratégie développée par ces nouveaux artistes entrepreneurs et leurs soutiens privés et publics peu ou prou fascinés par le « bling-bling » : le pseudo-discours qui remplace l’œuvre ; la posture de provocation arrogante qui est plus importante que l’innovation esthétique ; la critique agressive envers tout ce qui n’est pas à l’aune de leurs intérêts (en particulier la concurrence de la peinture et de la sculpture) ; la spéculation marchande de leur production délibérément spectaculaire et sans enjeu réel.Une « fabrique mercantile » conforme, somme toute, à celle de beaucoup d’œuvres officiellement célébrées en leur temps, mais que, faute de valeur intrinsèque, l’histoire de l’art relativise voire oublie.
Car la sociologie peut, bien entendu, expliciter un contexte, et force est de constater que l’auteure se garde de tout jugement esthétique et se maintient rigoureusement – scientifiquement – dans les bornes légitimes de sa discipline : la sociologie a la capacité d’étudier la conjoncture mais elle n’est guère opérante pour repérer ce qui, précisément, l’excède. Autrement dit – et pour prendre un exemple parmi d’autres : elle pourra décrire les conditions objectives (économiques, sociales, nationales, culturelles…) qui ont permis l’avènement du XVIIe siècle hollandais et sa floraison artistique mais point ce qui captive encore de nos jours chez Rembrandt ou chez Vermeer. Ce qui reste – le petit reste.
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Extrait de l’article de Pascal Amel paru dans le N°60 de la revue Art Absolument


[…] Les quelques trois cents pages et des poussières de ce livre sont fascinantes. À la manière d’une leçon d’anatomie. Sur la table de dissection, le corps du délit qu’est l’art contemporain. Avec autant de méthode et de rigueur que de scrupule, page après page, chapitre après chapitre, la sociologue en dissèque tous les organes. Et si ce qu’elle met en évidence est bel et bien un paradigme de l’art contemporain, c’est précise-t-elle dès les premières pages pour éviter toute ambiguïté à propos du recours à un mot mis à toutes les sauces, dans le sens élaboré par l’épistémologue Thomas Kuhn, à savoir « les découvertes scientifiques universellement reconnues qui, pour un temps, fournissent à un groupe de chercheurs des problèmes types et des solutions ». Cette précision laisse entendre à celles et ceux qui prétendraient contester ce que démontre ce livre que leur démarche ne peut être que vaine. À bon entendeur salut !
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Extrait de la chronique de Pascal Bonafoux paru dans le N°61 de la revue Art Absolument


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