Cinquante ans après les «Peintures de feu» de Yves Klein, la galerie Lelong invite Janis Kounellis, figure importante de l’Arte Povera, à confronter son travail à celui du peintre français. Mouvement radical italien des années 1960, l’Arte Povera présente dans ses sculptures des objets qui n’ont pas encore été contaminés par la sur-production tant industrielle que culturelle. L’utilisation des matériaux bruts, permet aux artistes de ce courant d’en finir avec la représentation et de revenir à un art créé à partir de la matérialité même des objets. Pour établir un dialogue avec trois «Peintures de feu», Kounellis a carte blanche dans la production de nouvelles œuvres et dans la scénographie finale. En 1960, Yves Klein utilise le feu pour montrer la double nature de cet élément: évanescent, il se révèle matériel par la trace laissée sur le support. Le caractère mystique qu’accorde le peintre aux corps dévoilés sur la toile grâce au feu, est également présent chez Janis Kounellis. L’artiste d’origine grec tente de dévoiler à travers ses œuvres, l’histoire des objets qu’il utilise. Ainsi, le double état du feu : dangereux à l’état naturel, et source de vie une fois dompté et industrialisé, fascine Kounellis qui présente régulièrement l’histoire de cet élément, de la flamme mystique de ses premières œuvres (Margherita di fuoco) à la suie des dernières années.

Pauline Mirete