Avec un ancrage dans plusieurs sites historiques du Finistère, ces « Chemins » nous entraînent notamment de la Bretagne séculaire aux rivages des mers du Sud, à l’image du parcours qu’accomplit Victor Segalen qui fait l’objet d’une belle exposition à l’abbaye de Daoulas. En son sein, la restitution de la pensée poétique du Breton voyageur, parti au début du XXe siècle pour les îles à la recherche d’un Autre dont « il rêve d’exprimer la réaction au contact du voyageur », requiert la présence d’objets entre projections occidentales et usages locaux. Si ces deux termes ne sauraient se résoudre l’un dans l’autre, l’approche de Segalen offre la possibilité de voir l’imaginaire et le réel se compléter : Les Immémoriaux, son premier ouvrage, prend le parti d’une plume rêveuse, lorgnant du côté de Flaubert, tout en recomposant la culture orale des Tahitiens dont le colonialisme les a dépossédés. Paradoxe, c’est d’un Européen que vient l’opportunité pour les Polynésiens d’avoir accès à leur héritage. Phare de l’œuvre de Segalen, Gauguin a toute sa place dans cette exposition. Les réalisations du « Maître-du-Jouir » renversent l’ethnocentrisme par leur mise en regard de pièces provenant, entre autres, du musée du quai Branly.

Extrait de l'article de Tom Laurent publié dans le N°41 de la revue Art Absolument: parution le 22 avril 2011

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