Arménie. Le temps du sacré.
L'exposition
Est-ce en raison du sort réservé aux Arméniens du Haut-Karabakh depuis l’opération militaire éclair orchestrée le 19 septembre dernier par les autorités de Bakou sous l’œil d’acteurs internationaux restés largement muets que la Fondation Boghossian a programmé cette exposition ? C’est en tout cas consciente du danger qu’y fait peser un conflit d’au moins trente ans que la société Iconem, spécialisée dans l’imagerie immersive de sites patrimoniaux en péril, y avait engagé dès l’été 2018 une campagne de relevés numériques. Accompagnée par l’artiste Pascal Convert pour opérer les scans 3D de monastères arméniens construits à partir du IXe siècle, l’équipe de la start-up française s’était en particulier concentrée sur ceux de Geghard, Haghpat et Sanahin. C’est donc ces architectures que la technologie permet de reconstituer à l’abri des tensions, tandis que Convert s’est attelé à transférer à l’échelle un l’ornementation complexe de khatchkars, pierres levées à croix qui jalonnent ces sites, soulignant leur dimension scripturale. Alors que la tradition veut que l’alphabet arménien de Mesrop Machtots lui ait été dicté par Dieu lui-même, cette importance de l’écriture se retrouve dans de rares objets liturgiques et manuscrits issus du Musée arménien de France comme chez l’artiste contemporain Mekhitar Garabedian, tandis que les photographies d’Antoine Agoudjian décrivent une Arménie du rituel et du sacré.
Extrait de l'article de Tom Laurent publié dans le N°109 de la revue Art Absolument. Parution le 11 janvier 2024.
Extrait de l'article de Tom Laurent publié dans le N°109 de la revue Art Absolument. Parution le 11 janvier 2024.
Quand
10/11/2023 - 10/03/2024