« Si j’avais à refaire ma vie, je ne ferais que du noir et blanc ». Derrière la confidence d’Edgar Degas à Georges Villa en 1906, se cache un ancien et profond enthousiasme contrastant avec ses fameux pastels colorés. Cent soixante œuvres comprenant de nombreux tirages, d’épreuves d’essai et d’états successifs rares présentées à l’exposition « Degas en noir et blanc. Dessins, estampes, photographies » révèle en plus de sa passion d’ordre chromatique, son goût pour les nouvelles techniques liées à l’univers de la gravure et de la photographie. Au sein du berceau historique de la Bibliothèque nationale de France, l’œuvre de Degas détonne et dévoile ses expérimentations qu’il multiplie en développant des associations inédites de médiums. Désireux de faire surgir l’imprévisible sur le papier, il réemploie à l’infini un motif plus que récurrent dans son travail - les femmes au bain - pour explorer au maximum les variations de poses, de lumières ou encore celles de ses épreuves. Noircissant ses carnets de futures idées et de réflexions sur les motifs et les couleurs, Degas se dévoile comme « un artiste qui va de l’avant sans cesse » comme l’affirme son ami et complice en matière d’expériences plastiques : Camille Pissarro. Sur son travail d’estampes comme photographique, les variations entre les noirs et les blancs renforcent les singularités de son travail, connu pour privilégier les points de vue échappant au regard de la majorité comme les salons de maisons closes ou les coulisses d’un ballet de danse. Une étrange atmosphère mêlant le fantastique à une idée de solennité émane de ses photographies quand ses portraits évoquent davantage la tradition qu’il tente de renouveler. Se balader dans les galeries Mansart et Pigott est donc l’occasion de redécouvrir Degas et son « moi ténébreux ».

Orlane Bachelet

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