Surprise de la matière. Claude Briand-Picard expose à l’atelier du Hézo des tableaux mono-chromes peints depuis quarante ans avec la vase grise du golfe du Morbihan et des travaux multi-colores, plus connus, en plastiques thermocollés, souvent exposés avec l’artiste Antoine Perrot sous l’enseigne de la « couleur importée », ou « ready-made color ».

Des matériaux à l’œuvre : l’artiste s’empare de la matière première issue de la nature ou fait œuvre avec des matériaux industrialisés. Comme le dit Claude Briand-Picard : « On ne peut pas dissocier le support de l’œuvre de sa structure et de sa forme, on ne peut pas non plus dissocier le support de la couleur du matériau industriel. C’est cette fusion de l’ensemble des éléments de la peinture que je recherche, seul le médium construit l’œuvre. » Peu d’artistes ont représenté ce paysage de vase, souvent sans arbre, sans relief qui se résumait en quelques bandes horizontales. Cette peinture monochrome satisfait Claude Briand-Picard, mais à l’inverse des gris neutres et froids de Gerhard Richter, ses tableaux de vase sur toile de jute prennent des nuances de verts, de gris, d’ocres, ou de gris bleutés. Claude Briand-Picard peint également avec des plastiques, issus du pétrole, matériaux contemporains utiles et nocifs, et détourne des objets de leurs fonctions. Il réalise ainsi, par assemblages, des reliefs picturaux à partir de sacs plastiques, des volumes bosse-lés où des avertisseurs de chantier colorés apparaissent comme des grilles colorées, des tartans – ces tissages aux couleurs tramées – interrogeant la fonction signalétique, décorative ou symbolique de la couleur. Ne s’agit-il pas là, comme le dit Roland Barthes à propos de Bernard Réquichot, du rapport de l’artiste à la matière ? « L’œuvre part alors d’un passé antérieur, le mythe de l’origine est ébranlé, la crise théologique de la peinture est ouverte (depuis les premiers collages, les ready-made)… La conséquence ultime de ce détournement est d’accentuer la nature matérialiste de l’art ».