Asia Now 2022
L'exposition
Investissant cette année la Monnaie de Paris, Asia Now s’agrandit pour sa huitième édition. Accueillant quelques 90 galeries, la beauté du site et l’éclatement sur plusieurs cours des différents espaces d’exposition permet un sentiment de forum rafraîchissant, égrainé par un parcours d’installations et de sculptures.
Sur un périmètre s’étendant du Proche-Orient – nommé à dessein Asie de l’Ouest ici – à l’Asie du Sud-Est et Pacifique, la foire a donc pu attirer des galeries basées dans ces régions : au Japon, en Chine, à Séoul ou Singapour principalement mais aussi Téhéran d’où sont venues six galeries cette année. On y retrouve également les très internationales Almine Rech et Perrotin, Praz-Delavallade, RX, In Situ-Fabienne Leclerc ou Paris-B basées à Paris, tout comme des galeries occidentales exposant des artistes de cet espace ou de sa diaspora, à l’instar de Richard Saltoun, dont le travail sur des figures méconnues des avant-gardes l’a amené à présenter les œuvres de la féministe israëlienne Bracha L. Ettinger et de Rosa Lee, exilée de Hong Kong, aux côtés de Li Yuan-Chia, pionnier de l’art conceptuel asiatique partie de Taiwan dans les années 1960 pour l’Europe.
Les stands des galeries participantes vont donc du plus clinquant – le bras robotique exhibant un portrait numérique généré par l’intelligence artificielle Genesis Kai, promue au rang d’artiste virtuel par la galerie P21 de Séoul poussant suffisamment loin les limites du genre pour susciter l’intérêt – à des propositions plus classiques. Si l’on regrette que la scénographie entrave parfois certaines pièces appelant l’épure – une belle installation céramique murale de Mari Minato ou les petites peintures de Kenjiro Okazaki à la galerie Frank Elbaz –, cet éclectisme est le lot des foires. L’on ne cache pas s’y retrouver plus lorsque la retenue est de mise, notamment dans les papiers nourris d’encre ou de soja par Yang Jiechang à la fin des années 1980, dont les formes découpées et la matière dialoguent avec les sculptures architecturées en terre de Dani Karavan. Les aquarelles de Minjung Kim chez Almine Rech ou les tressages réalisés par le Vietnamien réfugié au Etats Unis Din Q. Lé vont dans ce sens, mais plus encore le projet « Mingei Asia Now », réunion de pièces historiques d’artisans japonais avec des œuvres modernes et contemporains orchestrée par Nicolas Trembley, exposant une attention prolongée aux matériaux et aux savoirs-faires. Pour autant, le foisonnement des figures de Key Hiraga montrées par Loeve&Co ou le travail conjuguant politique et poésie du Chinois Cai Dongdong manipulant des photographies anciennes chez Zeto Art, entre autres, permettent de trouver à Asia Now une diversité d’horizons. C'est le cas avec l'initiative très louable des Iraniens de la galerie Dastan qui présente en collaboration avec +2 établi à Téhéran un film de la peintre et cinéaste Mitra Faharani, auteure du fantastique Fifi hurle de joie en 2012. Celui projeté sur leur stand est consacré à la figure de Behdjat Sadr, peintre majeure de la période « moderne ». Manière, étant donné les soulèvements en cours en Iran, de donner à voir un passage entre générations d'artistes.
Tom Laurent
Sur un périmètre s’étendant du Proche-Orient – nommé à dessein Asie de l’Ouest ici – à l’Asie du Sud-Est et Pacifique, la foire a donc pu attirer des galeries basées dans ces régions : au Japon, en Chine, à Séoul ou Singapour principalement mais aussi Téhéran d’où sont venues six galeries cette année. On y retrouve également les très internationales Almine Rech et Perrotin, Praz-Delavallade, RX, In Situ-Fabienne Leclerc ou Paris-B basées à Paris, tout comme des galeries occidentales exposant des artistes de cet espace ou de sa diaspora, à l’instar de Richard Saltoun, dont le travail sur des figures méconnues des avant-gardes l’a amené à présenter les œuvres de la féministe israëlienne Bracha L. Ettinger et de Rosa Lee, exilée de Hong Kong, aux côtés de Li Yuan-Chia, pionnier de l’art conceptuel asiatique partie de Taiwan dans les années 1960 pour l’Europe.
Les stands des galeries participantes vont donc du plus clinquant – le bras robotique exhibant un portrait numérique généré par l’intelligence artificielle Genesis Kai, promue au rang d’artiste virtuel par la galerie P21 de Séoul poussant suffisamment loin les limites du genre pour susciter l’intérêt – à des propositions plus classiques. Si l’on regrette que la scénographie entrave parfois certaines pièces appelant l’épure – une belle installation céramique murale de Mari Minato ou les petites peintures de Kenjiro Okazaki à la galerie Frank Elbaz –, cet éclectisme est le lot des foires. L’on ne cache pas s’y retrouver plus lorsque la retenue est de mise, notamment dans les papiers nourris d’encre ou de soja par Yang Jiechang à la fin des années 1980, dont les formes découpées et la matière dialoguent avec les sculptures architecturées en terre de Dani Karavan. Les aquarelles de Minjung Kim chez Almine Rech ou les tressages réalisés par le Vietnamien réfugié au Etats Unis Din Q. Lé vont dans ce sens, mais plus encore le projet « Mingei Asia Now », réunion de pièces historiques d’artisans japonais avec des œuvres modernes et contemporains orchestrée par Nicolas Trembley, exposant une attention prolongée aux matériaux et aux savoirs-faires. Pour autant, le foisonnement des figures de Key Hiraga montrées par Loeve&Co ou le travail conjuguant politique et poésie du Chinois Cai Dongdong manipulant des photographies anciennes chez Zeto Art, entre autres, permettent de trouver à Asia Now une diversité d’horizons. C'est le cas avec l'initiative très louable des Iraniens de la galerie Dastan qui présente en collaboration avec +2 établi à Téhéran un film de la peintre et cinéaste Mitra Faharani, auteure du fantastique Fifi hurle de joie en 2012. Celui projeté sur leur stand est consacré à la figure de Behdjat Sadr, peintre majeure de la période « moderne ». Manière, étant donné les soulèvements en cours en Iran, de donner à voir un passage entre générations d'artistes.
Tom Laurent
Quand
21/10/2022 - 23/10/2022