Née à Londres de parents ghanéens en 1977 (l’année punk) et nominée en 2013 au Turner Prize (l’année où Laure Prouvost l’emporte), l’artiste et poète Lynette Yiadom-Boakye peint aussi ses propres fantômes en réalisant, en une journée chrono, des portraits ima- ginaires et raffinés de figures noires inventées, nus pieds et issues de milieux modestes mais qui jaillissent d’un néant public entre ombre et lumière, tels des rois et reines de Vélasquez. Manipulant l’art de la politique-fiction, la reine du blackface prétend pou- voir réinventer le concept de race à sa guise. « Si vous choisissez la peinture, vous avez intérêt à avoir une sacrée bonne raison, confesse la jeune femme. Comme j’ai toujours été plus intéressée par la peinture elle- même que par les gens, peindre d’après nature n’était pas quelque chose qui m’attirait. Il y a vraiment quelque chose de spécial dans la peinture à l’huile : c’est sale, charnu et totalement imprévisible. Grâce à elle, je peux peindre les choses que je ne peux pas écrire. »


Extrait de l'article d'Emmanuel Daydé, publié dans le N°95 de la revue Art Absolument.

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