Anselm Kiefer. Livres et xylographies

Anselm Kiefer. Livres et xylographies : The Siegfried line. 1982-2013, collage de gravures sur bois, acrylique et gomme-laque sur papier, marouflé sur toile montée sur carton 16 pages 189 x 166 x 11 cm (fermé). Collection particulière. © Anselm Kiefer. Photo © Charles Duprat    Anselm Kiefer. Livres et xylographies : Das Rote Meer. 2014, pp. 12-13, aquarelle et mine de plomb sur carton enduit de plâtre 20 pages 66 x 49,4 x 5 cm (fermé). Collection particulière.  © Anselm Kiefer. Photo © Charles Duprat    Anselm Kiefer. Livres et xylographies : Für Jean Genet. 1969, pp. 4-5 Photographies noir et blanc, gouache, roses séchées, aquarelle sur papier et mine de plomb sur carton, relié 10 pages 49,5 x 35 x 5 cm (fermé). Collection particulière. © Anselm Kiefer. Photo © Charles Duprat   


L'exposition



Qu’est ce qu’un livre ? La construction d’un récit à travers un ensemble de mots, d’une part. L’objet contenant, l’assemblage de feuilles imprimées et réunies, de l’autre. Né en 1945 dans une Allemagne nazie en passe de capituler, Anselm Kiefer n’a jamais vraiment pu choisir entre écrire ou peindre. Aussi l’artiste a-t-il fait du livre, dans la deuxième acception du mot, un support de choix pour son œuvre plastique. Pour ériger un récit au fil des pages. Pour créer un livre non écrit, dans le premier sens du terme cette fois. Pour « se livrer à une occupation grinçante d’espaces significatifs », car Anselm Kiefer agglomère des matériaux dans ses pages – des photographies, des aquarelles et des extraits de magazines certes, mais aussi du feutre, du plâtre, des cendre, du sable, des cheveux, de la paille ou des fleurs séchées… Ces éléments ainsi rassemblés viennent palier au texte. Nourris de références littéraires, philosophiques ou historiques – ces ouvrages sont « une matérialisation de l’immatérielle pensée », comme l'a justement noté Jean-Luc Nancy à leur propos. Kiefer y condense très concrètement ses lectures de Heidegger, Céline, Valéry, Celan ou Genet... C'est à ce dernier qu'Anselm Kiefer dédie en 1969 un de ses premiers livres, où une photographie le montre jeune refaisant le salut nazi de son propre père, officier dans la Werhmacht. Ce geste qu'il revendiquera comme un antidote à la chape de plomb posée après-guerre sur les années noires rappelle une autre fonction de ses ouvrages: mémorielle et attachant leur destin à la tentative d'extermination des juifs d'Europe, peuple du Livre.
L’exposition de la Fondation Jan Michalski présente un ensemble de ces livres réalisés entre 1969 et 2017, qu’elle accompagne d’une sélection de xylographies.

Emma Noyant

Quand


08/02/2019 - 12/05/2019


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