Quand Sulafa Hijazi représente un visage se dépouillant à mesure que l’uniforme militaire auquel il est relié par un fil est cousu, c’est une allégorie de l’humanité détruite par la guerre de Syrie qu’elle compose, en fille de Damas. Ce massacre, d’autres artistes syriens l’abordent plus frontalement, tels Bissane Al Charif et Mohamad Omran dans leur vidéo (en stop-motion) Sans ciel, cet effondrement littéral de grandes villes matérialisées par des maquettes. L’exil auquel il faut alors prétendre, Khaled Takreti le traite par la peinture de baluchons, lot de ceux qui portent leur maison avec eux. Tammam Azzam par des bâtiments éventrés, dans lesquels il inscrit la reproduction de chefs-d’œuvre de la peinture (comme ceux de Klimt ou Goya), soulignant ainsi l’état de ruine culturelle du pays. Dans Bon voyage, les voici emportés par des ballons dans le ciel menaçant de la migration. L’exposition à Malakoff réunit une vingtaine d’artistes contemporains autour des dévastations humaines et matérielles engendrées par le conflit syrien. De cet art impuissant face à la guerre, Tammam Azzam dit qu’il peut tout du moins « entretenir l’espoir d’un futur et d’une renaissance de la Syrie ».

Emma Noyant

Site de l'exposition