Âmes sauvages. Le symbolisme dans les pays baltes

Âmes sauvages. Le symbolisme dans les pays baltes : Kalev sur le dos de l'aigle. 1917, Huile sur toile H. 64,6 L. 74,8 cm Tallinn, musée d’Art d’Estonie © Stanislav Stepashko    Âmes sauvages. Le symbolisme dans les pays baltes : Kristjan Raud. Sacrifice. 1935, tempera sur toile, 160 x 191 cm. © Musée d'art d'Estonie, Talinn    Âmes sauvages. Le symbolisme dans les pays baltes : Michel Sittow. L'assemption de la Vierge. Vers 1500-04, huile sur panneau, 21.3 x 16.7 cm.   


L'exposition


Rodolphe Rapetti est formel : « L’étude de l’art des pays baltes suppose pour l’historien de changer son fusil d’épaule et d’utiliser d’autres grilles de lecture, car on échappe à la confrontation classique, pour la période 1850-1950, entre art français et art national, et à son confort bipolaire. » Sorte d’équivalent pour l’Estonie de Munch pour la Norvège ou de Gallen-Kallela pour la Finlande, Raud apparaît comme le chef de file des âmes sauvages du symbolisme balte, cet irrépressible mouvement artistique, romantique et politique, qui tente, depuis l’émancipation de l’Empire russe en 1918 jusqu’à l’annexion soviétique en 1940, de mettre en images un véritable « éveil national » des trois jeunes républiques. Raud a beau se rendre à Paris en 1926 pour y subir la tentation de l’abstraction – comme en atteste le Sacrifice païen de 1935, où les nuages se solidifient en concrétions de pierre –, il n’appartient pas à la sphère avant-gardiste française. Né dans une famille de paysans, ce solitaire pratique un primitivisme d’une puissance peu commune, qui n’est pas sans lien avec la raréfaction minimaliste des œuvres de Pärt. Quoique formé à Munich, au contact des envolées fleuries de la Sécession viennoise, l’artiste estonien s’inspire de la simplicité rugueuse des objets d’artisanat traditionnel, qu’il récolte avidement dans les campagnes, pour élaborer son esthétique simple et brutale. Structurant harmonieusement ses compositions par grandes masses de couleurs sans modelé, il peint a tempera en 1905 un Repos pendant la fuite en Égypte calme et extatique, transposé dans les pâturages aux hauts arbres de l’île de Muhu, où il a l’habitude de se rendre l’été. « Derrière tout, écrit-il, agit une gigantesque force créatrice, organisatrice et directrice. »

Extrait de l'article d'Emmanuel Daydé, publié dans le N°83 de la revue Art Absolument.
Parution le 23 mai 2018.

Quand


10/04/2018 - 15/07/2018
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