C'est un nouvel examen du fond de l’œil qui est suggéré grâce aux œuvres graphiques du polonais d'origine Roman Cieslewicz (1930-1996), à la galerie parisienne Semiose, en parallèle de sa rétrospective dans la même ville au musée des Arts Décoratifs. Inaugurant un usage subversif des images, c'est par le photomontage, comme dans Harem, et le collage en hommage notamment au cinéaste Jean-Luc Godard, qu'il parvient à créer un nouveau rapport regardeur-image. Par le choix de formes extraites d'iconographies populaires, il use et joue de cette technique en l'actualisant pour créer un nouvel imaginaire collectif et s'assurer de mener à bien sa lutte contre la pollution de l’œil. Estimant qu'une « image qui ne choque pas ne vaut pas la peine », Cieslewicz se veut « visualiste », faisant de son « œil ambulant qui regarde la réalité en face » sa meilleure arme selon le mots d'Amélie Gastaut. Par sa technique, il détrame, démultiplie, accentue, bousculant les vieilles habitudes de nos rétines.

Alia Euchi

Site de l'exposition