Peintre et sculpteur Tchécoslovaque, Franta (Frantisek Mertl) travaille depuis plus de 60 ans dans le sud de la France, à Vence. Ses parents ont subi les atrocités du régime nazi et son pays a connu l’idéologie soviétique, l’austérité du bloc de l’Est et l’écrasement militaire du Printemps de Prague. Ce déracinement a marqué son œuvre d’une inquiétude quant à la violence universelle et les libertés individuelles qu’elle entrave. Les toiles Rage, Barricade et Fukushima… sont à l’image de la tension bestiale qui précède l’affrontement faisant de l’homme un loup pour l’homme. Suscités par sa rencontre de l’Afrique noire et tout particulièrement du peuple Masaïs, il a développé de nombreuses variations sur le corps humain, sujets d’études des états de tourmente. Franta pratique un geste large sur des toiles de grand format, où matières et couleurs « mélangent coups de pinceaux et coups de pensées ». Visionnaire et humaniste, son regard sur ces hommes à la fois archaïques et intemporels, entre en résonance avec l’actualité contemporaine et devient cri de colère face au péril des migrants aux portes de l’Europe.

Delphine Alexandre

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